Ce devait être un simple examen comme les autres. Mais l'air qu'avait mon professeur en nous l'annonçant m'avait bien fait comprendre que, non, ce ne serait pas un simple examen. Il avait agité un billet sous notre nez comme si c'était le Saint Graal. Et ce qui devait être une écriture d'articles s'était transformé en concours du meilleur article entre tous les troisièmes années. A la clé, la meilleure note à l'examen, mais également un billet pour passer le week-end dans le train des souvenirs. A l'évocation de cet événement, j'avais tout de suite pensé à Marinette. Elle m'avait parlé de ça aussi. Il y avait aussi un genre de concours dans son école où chaque élève devait coudre la plus belle robe. Mais à la clé, l'école avait acheté pour le ou la meilleure, un billet VIP, pour y rester toute une semaine. J'étais certaine qu'elle allait le gagner, elle était super douée.

A la fin du cours, chacun dû tirer un sujet au hasard pour son article. Le principe était de rendre un sujet, à la base banal, extraordinaire. De donner envie aux genre de lire notre article. Peut-être même que l'article serait publié dans le journal ! C'était plutôt ça qui me motivait moi. Ca, et réussir le défi de rendre un sujet basique, fascinant. Et si, en plus, je pouvais voir mon nom apparaitre dans le journal de Paris en remportant ce concours, ce serait absolument parfait ! Bon, voyons mon sujet...

"Le principe de l'épistémologie... Mais c'est quoi ça ?"

Ca commençait bien, je ne connaissais absolument pas le thème de mon sujet. Je sortis aussitôt mon téléphone... avant de me raviser. Non, j'allais garder ça pour moi pour une fois, et ne rien dire à ma meilleure amie. Je comptais bien décrocher la première place de cet examen. Et même si, à la base, ce billet ne m'intéressait pas forcément, le gagner me permettra de lui faire une surprise.

Je partis donc m'installer dans la bibliothèque de mon école pour commencer mes recherches. J'allais même débuter en cherchant tout simplement la définition de ce mot. Alors, il s'agissait donc de "l'étude critique des sciences, destinée à déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée." Hmm... Intéressant. Ca représentait vraiment un défi de rendre ce sujet assez intrigant pour attirer l'œil des gens. Je n'étais pas certaine de trouver grand chose sur ce domaine ici, cependant. En revanche, la faculté de sciences n'était pas loin. J'allais m'y rendre de ce pas pour fouiner un peu là-bas.

N'ayant plus cours de la journée, je m'y rendis juste après avoir récupéré mes affaires. Je montais à l'arrêt de bus puis descendis à l'arrêt juste devant la fac de sciences. Sans attendre, et d'un pas assuré, je me rendis directement dans le bâtiment. J'expliquais mon projet à l'accueil qui m'indiqua immédiatement le chemin de leur bibliothèque en m'assurant que je trouverai tout ce que je voulais là bas. Je m'engageais donc en direction du lieu puis en poussai la porte pour y entrer. La responsable m'emmena dans le rayon qui pouvait m'intéresser. C'est alors que j'y vis une tête connue, plongée dans les livres, comme à l'époque du collège et du lycée. Alors, avec un grand sourire, je l'interpellai.

"Ayane ? Ca faisait longtemps, comment vas-tu ?"

La troisième année de licence est une année charnière. Si j’ai toujours obtenu d’excellents résultats avec une charge de travail, somme toute classique, je ne peux pas me permettre de me relâcher cette année. Je dois aller chercher la perfection. Pour la bonne et simple raison que le master que je vise comporte très peu de places. Et je dois absolument être prise. Mon avenir en dépend. Maintenant que je sais ce que je veux faire, il ne pourrait rien m’arriver de pire que de devoir trouver autre chose. Une autre voie que celle que j’ai choisi.

Voilà pourquoi je passe une grande partie de mes journées à la bibliothèque, enchaînant les allers-retours entre l’université, la bibliothèque et l’appartement. Si je m’écoutais, je passerais mon temps à étudier mais Artémis, fortement soutenue par Nathan et Zoé, ne me le permet pas vraiment. Et, je dois bien l’avouer, je commence à vraiment apprécier ces moments avec eux. Ça faisait longtemps que je n’avais pas vu ma cousine aussi épanouie. Néanmoins, je ne dois pas quitter des yeux mon objectif : obtenir mon ticket pour ce master tant convoité.

J’étais, justement, en train de chercher un livre, dans le rayon d’épistémologie, quand une voix familière a retenti à côté de moi.

– Ayane ? Ça faisait longtemps, comment vas-tu ?

Je me retourne vers elle, un livre sur l’histoire de l’étude des cellules dans les mains.

– Alya ? Je vais bien merci. Mais, que fais-tu ici ? Tu es en école de journalisme, non ?

Ah vrai dire, j’en suis même certaine. Je n’ai pas gardé de grands contacts avec nos camarades du collège et du lycée mais ce n’est pas le cas d’Artémis. Grâce à elle, je reste très au courant de tout. Et je sais qu’Alya est entrée dans une grande école de journalisme, il y a deux ans, comme elle le souhaitait. Je sais également qu'elle habite dans la même immeuble que nous, un immeuble très fréquenté par les étudiants, mais je n'ai jamais vraiment eu l'occasion d'échanger avec elle. Ma première question est donc légitime : que fait elle dans la bibliothèque de la fac de sciences ?

Pas que ça me dérange de la voir, bien au contraire, mais je trouve tout de même cela étonnant. Elle est peut-être venue voir quelqu’un mais se donner rendez-vous à la bibliothèque est une idée plutôt saugrenue. Du moins, de mon de vu.