You can call me evil

Des injures ainsi que des coups de pieds virulents et agacés à l'encontre d'une pauvre cannette déjà à moitié écrasée, qu'il traîne avec lui depuis désormais plusieurs mètres, voilà l'état qui résumerait parfaitement la situation dans laquelle se trouve le jeune adolescent. Il ne comprend toujours pas pourquoi ses parents s'obstinent à le trimbaler de pays en pays dans l'espoir qu'un jour la blessure béante laissée par leur départ du Canada se referme. Seulement, le mal est fait et il s'est d'ores et déjà missionné de ne jamais leur pardonner cet acte odieux.

Pour lui, il s'agit d'une injustice commise par les dernières personnes qu'il pensait jusqu'alors capables d'un tel crime. Cependant, ils lui ont prouvé que même les anges venus des cieux peuvent, une fois en contact avec des humains, revêtir les ailes noircies de la corruption. Et si même ses géniteurs s'avèrent n'être que des menteurs égocentriques, alors pourquoi user de la diplomatie pour attirer ou rencontrer des prédateurs qui n'attendront que le moment de votre plus grande vulnérabilité afin de vous asséner un coup aussi assassin que celui qu'il a vécu, il y a quelques années de cela ?

Il n'a pas envie d'être ici. Il n'a pas envie de faire d'efforts. Et il refoule toute sa colère à l'égard du monde sur ce petit bout d'acier et d'aluminium jusqu'à ce que son regard croise la devanture d'une confiserie. Les couleurs des divers présentoirs, mais surtout des douceurs vendues à l'intérieur, l'hypnotisent un instant tandis que son ventre gargouille en réaction à ce qu'il dévore des yeux. Lui aussi désire sa part, surtout lorsque la mauvaise habitude de partir sans déjeuner, et d'esquiver les repas du soir à table avec ses parents, est ancrée depuis quelques temps maintenant.

La carte de crédit de sa mère en sa possession, il se permet un petit écart gentillet. A moins que son esprit vengeur ne se révèle plus diabolique qu'initialement prévu.

Après une once d'hésitation, il pousse la porte d'entrée de la boutique en question.