Mon avis ne comptait certainement pas pour elle. Mais maintenant qu'elle m'en avait parlé, je réagissais. Je ne la connaissais que depuis quelques minutes, mais j'espérais qu'elle réussirait à atteindre son but. J'avais toujours été ainsi. Positive, optimiste, incapable de souhaiter le malheur des autres. Je ne vivais pas dans le monde des bisounours non plus. Je savais qu'il y avait des gens foncièrement mauvais pour lesquels on ne pouvait juste rien faire. Mais dans ce cas, je faisais en sorte de rester loin de ces personnes, gardant près de moi celles que je chérissais le plus pour les encourager à poursuivre leurs buts.

J'avais un certain instinct, depuis que j'avais rencontré Thémis. Enfin, plutôt, c'était elle qui avait de l'instinct et je me fiais à elle. Pratiquement à chaque fois, si ce n'était tout le temps. Les chiens avaient cette capacité à sentir les choses. Et, avec son passé, Thémis avait toujours été méfiante, envers tout le monde excepté Raphaël et moi. Puis, elle avait appris à faire confiance à nouveau. A ma cousine, à mes parents... Et après, je remarquai simplement ses changements de comportement. Je savais quand une personne avait de mauvaises intentions si elle se méfiait d'elle, et l'inverse aussi. Pour Seraphym, Thémis n'avait pas eu de réactions particulières de prime abord. Puis, elle s'était laissée caresser. Ce qu'elle ne faisait pas avec tout le monde.

"Tu as bien raison. Faire ce qui nous intéresse et nous fait envie, c'est le plus important. Et puis, les évolutions sont toujours possibles en fonction de l'évolution de ta vie et de tes envies."

Dans beaucoup de métiers c'était comme ça. On commençait quelque chose puis on avait envie de changer tout en restant dans la même branche. De mon côté, les vétérinaires pouvaient devenir des chercheurs pour trouver des traitements par exemple.

Nous reprîmes tranquillement la balade, profitant du calme encore présent. C'était le moment où la vie commençait à s'éveiller dans les parcs. Pas trop de monde, mais pas vide non plus. C'était les heures que préféraient les propriétaires de chiens car ça nous permettait de jouer avec nos animaux et de croiser les autres, permettant ainsi de sociabiliser. C'était très important pour un chien, et d'autant plus pour Thémis, surtout quand elle avait encore toutes ses craintes.

J'acquiesçai simplement à sa phrase. Je n'avais rien à ajouter, elle avait tout dit. Et malheureusement, on en voyait énormément. Des "je me la pète et je suis le meilleur" et qui, pourtant, se ratatinaient dès qu'ils croisaient un chien un peu trop gros à leur goût. Alors que bon, là en l'occurrence, c'était clairement un gros nounours.

Je finis par détourner le regard de la scène pour me reconcentrer sur Thémis et de proposer à Seraphym de jouer avec elle. Ce qui sembla lui faire plaisir. Alors, après un sourire, je lui tendis la balle. Elle joua avec elle pendant un moment et la réaction de Thémis me fit plaisir. Elle était heureuse et jouait sans se préoccuper du reste de son environnement. Je continuai à marcher en faisant attention à ne pas les gêner pendant leurs jeux.

"Depuis qu'elle a repris confiance, elle adore jouer, c'es adorable. Mais oui, c'est son jouet préféré pour dehors. A l'intérieur, elle préfère mâchouiller un os exprès pour ça ou jouer avec des petites peluches."

Le temps de la pause, Thémis revint près de moi et j'en profitais pour lui faire quelques gratouilles au passage.