C'était une journée de repos aujourd'hui. Je n'avais pas cours le samedi. Du moins, pas pour le moment. Ca ne faisait pas longtemps que la rentrée était passée mais j'avais eu déjà mille choses à gérer. Alors même le week-end, je m'affairais à mon organisation et mes premiers devoirs. Mais je ne négligeais pas mon petit bébé qui méritait aussi toute mon attention. Quand je ne faisais pas du sport avec elle, j'allais tout simplement me balader.

C'était ce que je venais de faire. Une grande balade d'une heure au moins avec Thémis. Je ne voyais pas vraiment le temps passer avec elle. J'en étais presque à me mettre des rappels pour ne pas oublier de rentrer. Mais ce n'était pas le cas aujourd'hui. Nous avions été dans le parc proche de l'immeuble. C'était un peu notre petit coin. Nous le connaissions par cœur à force. Il y avait même des fois où j'enlevais le collier de Thémis, quand il n'y avait presque personne. Mais je l'avais assez bien éduquée pour qu'elle ne s'éloigne pas, ou qu'elle revienne dès que je l'appelais. A moins peut-être de croiser un de ses meilleurs copains. Mais pour ça, je ne pouvais pas lui en vouloir.

Me voilà donc à prendre l'ascenseur pour me diriger vers le quatrième étage. J'aurai pu prendre les escaliers mais la balade avait déjà été bien longue, et j'avais encore pas mal de choses à faire. Je ferais mon sport plus tard. Et Thémis n'avait pas peur de l'ascenseur, c'était plutôt pas mal aussi. La pauvre avait déjà subi tant de choses que je faisais encore plus attention à son bien-être qu'au mien. Mais, le premier jour où on l'avait pris, je crois que j'étais la plus stressée des deux au final. Elle n'avait absolument rien dit. Le "Ting" d'arrivée la fit se relever avant que la porte ne s'ouvre.

Alors que j'allais me diriger vers mon appartement, je vis des cartons devant la porte, ouverte, de celui en face du mien. Cherchant mes clés, je ne fis pas plus attention que ça au départ. Mais je sentis la laisse qui tirait légèrement. Thémis était en train de renifler l'un des cartons.

"Non, Thémis, pas toucher. Ce ne sont pas tes affaires."

C'est alors que je vis un jeune homme qui se dirigeait vers nous depuis l'entrée de l'appartement en question. Je sentis ma chienne intriguée. Je ne fis d'abord aucun mouvement. Durant les premiers mois où je l'avais recueillie, elle était très peureuse. A part Raphaël et moi, elle ne faisait pas confiance à grand monde, pas même ma cousine. Mais à force, elle avait fini par évoluer. Mais elle avait un fabuleux instinct auquel je me fiais toujours pour repérer les gens malveillants. Et vu son envie à aller dire bonjour, il semblerait que notre nouveau voisin penchait du bon côté de la balance.

"Thémis, viens par là. Tu diras bonjour plus tard."

Ma voix était restée douce, mais ne laissait pas place au doute. Ca restait un ordre que je lui donnais. Je ne voulais pas qu'elle importune notre nouveau voisin. En plus, si ça se trouvait, il n'aimait pas ou avait peur des chiens. Thémis revint à contre cœur vers moi. Je levais ma tête vers le jeune homme qui était à présent à côté de ses cartons.

"Bonjour ! Enchantée, je m'appelle Artémis et je suis une des voisines d'en face. Désolée pour ma chienne, elle peut vite se montrer affectueuse quand elle sent qu'une personne peut être digne de sa confiance."

Je ponctuais ma phrase d'un sourire chaleureux alors que Thémis s'était assise à côté de moi, regardant le jeune homme en penchant sa tête sur le côté. J'espérais que nous allions bien nous entendre.

A peine une petite semaine s’était écoulée après cette rencontre fracassante entre Zoé Lee et Nathan. Une rencontre qui s’était soldée plus que positivement, puisqu’après s’être mis d’accord tous les deux, il avait suffit d’un coup de téléphone au propriétaire de l’appartement pour que leur colocation devienne une réalité. Cela tombait à point nommé pour le jeune écrivain, qui voyait ainsi tout un pan hautement stressant de son existence s’apaiser d’un coup. Plus besoin de chercher, ni de subir l’intrusivité de sa chère petite maman. Tout le monde y trouvait son compte, même Zoé qui semblait désespérément avoir besoin d’une influence positive dans sa vie au vu de son entourage actuel.

Bien sur, cela restait un saut de la foi : rien ne lui garantissait que le bon feeling qu’il avait eu avec la demoiselle serait pérenne une fois les meubles installés et leurs petites habitudes du quotidien exposées au grand jour. Mais il avait envie de se fier à son instinct, qui lui disait que cette rencontre fortuite était un signe. Et puis dans le pire des cas, il pourrait toujours déménager à nouveau.

En parlant de déménagement, Nathan était en plein dedans. La veille, il avait fait appel à des déménageurs pour transbahuter la quasi-totalité de son garde meuble et les faire installer dans son nouveau chez lui. Tout avait été pré-approuvé par Zoé, qui accueillait cet ameublement gratuit de son appartement avec beaucoup de gratitude. Mais il lui restait encore ses affaires à lui, qu’il avait amené chez sa mère, et qui constituaient somme toute l’essentiel de son quotidien. Qu’il s’agisse de son PC, sa télé, son imposante collection de films et de séries, sa bibliothèque conséquente, ou encore de sa console de jeu, il aurait beaucoup de mal à survivre sans y avoir accès. C’était donc au terme de cette journée qu’il allait officiellement habiter ici.

Il avait passé le gros de sa matinée à monter les cartons devant la porte avec l’aide des déménageurs, et il ne lui restait plus que quelques allers-retours à faire pour en avoir fini avec tout ça. Mais tandis qu’il revenait chercher les derniers cartons sur son palier, il entendit une voix féminine rappeler quelque chose à l’ordre.

"Non, Thémis, pas toucher. Ce ne sont pas tes affaires."

Quelques pas plus tard, Nathan se retrouvait nez à nez avec une jeune demoiselle à la chevelure rose et à la tenue chatoyante, qui était selon toute vraisemblance sa nouvelle voisine de palier, accompagnée d’un magnifique chien blanc qui semblait vouloir faire sa connaissance. La vue de l’animal fit naître un grand sourire sur le visage du jeune homme, qui adorait les animaux, à défaut d’en avoir un à lui. Sa maîtresse le rappela à elle, sans doute par crainte de l’importuner, mais se présenta dans la foulée avec un sourire avenant.

- Oh bonjour ! Je suis Nathan, le nouveau colocataire de Zoé. Je ne sais pas si elle vous en a parlé ? Et pas de soucis pour ta chienne, au contraire. Je suis honoré de voir qu’elle à l’air de me classer parmi les personnes bienveillantes. Je peux ?

Il s’agenouilla alors et tendit doucement sa main en direction de l’animal, lui faisant signe qu’elle pouvait s’approcher si Artémis lui en donnait l’autorisation.

- Viens ma belle ! C’est Thémis, c’est ça ?

Il leva son visage souriant vers la demoiselle, attendant sa réponse.

Vu le sourire qui prit place sur son visage dès qu'il vit Thémis, je compris qu'il n'en avait pas peur et qu'il semblait même aimer les chiens. Il se présenta à son tour et m'appris qu'il était le nouveau colocataire de Zoé. Un sourire un peu gêné remplaça celui que j'avais auparavant.

"C'est-à-dire que... On ne discute pas beaucoup toutes les deux. A vrai dire, son petit groupe d'amies ne... me donne pas envie d'aller faire connaissance je t'avoue... Oui, bien sûr, je t'en prie."

D'un signe de tête, j'autorisais Thémis à aller lui dire bonjour et elle ne se fit pas prier. Elle s'approcha de lui, qui s'était agenouillé, d'un pas confiant. Elle sentit sa main avant de faire des petites léchouilles sur le bout de ses doigts. Il restait peut-être des miettes de gâteaux ou quelque chose du genre. Je lui avais appris à ne pas lécher mais lorsqu'il y avait de la nourriture, ça restait tentant. Et puis, c'était des petits coups de langue, ce n'était pas non plus tout baveux.

"Oui, Thémis, c'est bien ça."

Je m'approchai à mon tour et m'agenouilla avant de venir retirer le collier de la petite chienne. Je la connaissais, elle ne s'échapperait pas. Au pire, elle tenterait de rentrer chez nos voisins pour visiter. Donc je pourrais la rattraper facilement. Mais elle ne partait jamais bien loin de moi.

Elle glissa sa tête sous la main de Nathan pour réclamer des câlins. Je crois que c'était la première fois que je la voyais aussi câline avec un inconnu. Un sourire doux s'invita sur mon visage en la voyant ainsi. Elle avait fait tellement de chemins depuis son agression, j'étais fière d'elle.

Je relevais mon regard vers le jeune homme pendant qu'il la caressait. Il allait donc être le nouveau colocataire de Zoé. J'étais un peu gênée de lui avoir dit que je me méfiais un peu de son groupe d'amies. Mais je n'arrivais pas à me faire un avis sur elle. Je l'avais déjà aperçu seule, et elle semblait... différente de quand elle était avec ses amies. Etait-ce l'influence des autres ? Je n'en savais rien.

"Est-ce que tu as besoin d'aide pour tes cartons ?"

J'étais là donc je pouvais facilement l'aider. Il me suffisait de rentrer Thémis dans mon appartement qui était juste en face.

Après la matinée marathon qu’il avait connu à charrier des cartons, Nathan accueillait cette petite pause impromptue avec une joie qu’il ne dissimulait pas. D’autant plus si c’était l’occasion pour lui de faire connaissance avec sa voisine de palier, qu’il observa brièvement. Une aura de douceur émanait de la jeune femme, qui ne devait pas être beaucoup plus vieille que lui. Néanmoins, la mention de Zoé semblait l’avoir mise légèrement mal à l’aise, et il comprit rapidement pourquoi. Lorsqu’elle évoqua les “amies” de Zoé, il ne put réprimer un roulement d’yeux associé à un long soupir, tandis que Thémis venait à sa rencontre pour un calin.
 
- Ah, t’as croisé les trois pestes … Ouais, je peux totalement comprendre ton ressenti, elles sont insupportables. Mais malgré les apparences, Zoé n’est pas du tout comme ça. Sinon, j’aurais jamais emménagé avec elle, tu peux me croire !

Il avait lui-même été victime du double-jeu de la jeune actrice à leur rencontre, et sans un coup du destin, il serait sans doute resté sur sa première et très mauvaise impression la concernant. Il n’était pas difficile d’imaginer que si Artémis ne l’avait vue qu’en la compagnie des trois mégères, elle puisse avoir un a priori négatif sur Zoé.

Nathan sentit la petite tête de la chienne presser sa main pour l’inciter à la caresser, ce qu’il fit avec un grand plaisir. Il adorait le contact des animaux, et l’affection qu’ils pouvaient procurer. Il avait toujours voulu en avoir à lui, mais malheureusement, avec une mère qui était plus souvent sur les plateaux de tournage qu’à la maison, ça s’était avéré impossible. Même lorsqu’il habitait avec son ex, elle avait décrété qu’elle ne voulait pas de bêtes chez eux, pour éviter les allergies et autres désagréments qu’ils pouvaient causer. Maintenant qu’il y repensait, ça aurait dû lui mettre la puce à l’oreille …

- T’es beaucoup trop pipou toi … Roh, elle est adorable ! Elle a quel âge ?

Il jeta un coup d'œil aux quelques cartons qui lui restaient à rentrer dans l’appartement, avant de rassurer la demoiselle d’un petit geste de la main.

- Oh non, c’est gentil, mais ne t’en fais pas. Je devrais m’en sortir tout seul. Et pour être honnête, c’est les déménageurs qui ont fait le plus gros du taf …

Il continuait à gratouiller la tête de Thémis alors que la petite chienne lui réclamait encore plus d’affection.

Apparemment, le fameux groupe d'amies que j'avais évoqué ne lui était pas inconnu. Il emménageait à peine et il les connaissait déjà ? Et surtout, ça ne l'avait pas fait fuir ? J'avais peur de l'avoir énervé vu sa réaction. Mais au contraire, il en profita pour me donner plus d'informations. En soit, il pouvait mentir, mais quelles raisons aurait-il de le faire ? J'espérais pouvoir discuter un jour avec Zoé pour me faire mon propre avis sur elle. Mais j'avais déjà remarqué les différences de comportement, avec et sans ce fameux groupe. Donc j'avais tendance à croire Nathan.

"Je serais ravie de faire sa connaissance. Sans son groupe, du coup. Mais si elle a un nouveau colocataire, elles viendront peut-être moins alors ce sera sûrement plus facile."

Je lui fis un sourire un peu plus chaleureux. Je ne voulais pas partir sur de mauvaises bases avec mon nouveau voisin à cause d'une mauvaise impression qui avait l'air d'être infondée. Et ça me rassurait. Je n'aimerais pas m'embrouiller avec mes voisins pour une chose aussi futile qu'un groupe pas fréquentable.

J'observais les petits manèges de Thémis pour attirer son attention alors que nous discutions. Oh la petite jalouse... Un petit rire m'échappa alors qu'elle en redemandait sans discontinuer.

"Ca m'étonne qu'elle soit aussi câline et en même temps je suis contente, ça veut dire qu'elle a ... moins peur des autres. Elle a eu 5 ans cette année. Je ne connais pas sa date de naissance exacte."

Elle avait tant changé depuis que je l'avais sauvée et adoptée. Et j'étais vraiment très fière de ses progrès. Ca nous avait pris du temps, mais ça valait le coup. J'avais toujours eu beaucoup de patience, notamment avec les animaux. Et c'était ainsi qu'on gagnait leur confiance et qu'on pouvait mieux les aider. Et la confiance des animaux était très précieuse. Quand ils la donnaient, c'était pour la vie. C'était aussi pour ça qu'ils se méfiaient ensuite très facilement quand ils se faisaient maltraiter ou abandonner. Un comportement de la part des humains qui me dégoutait profondément.

"J'imagine oui. Est-ce que je peux te proposer un café alors ? Ou quelque chose à boire ? Histoire que tu puisses faire une vraie pause plutôt que de rester accroupi dans le couloir avec une chienne qui ne rêve que de te pousser pour te marcher dessus ?"

Je ris un peu plus franchement. Je connaissais la bête, et elle adorait faire ça avec moi quand elle voyait que j'étais en équilibre précaire. Elle avait pris cette habitude car je me mettais souvent assise par terre et la prenais sur mes jambes pour la rassurer quand elle était plus petite. Sauf qu'elle ne faisait ni le même poids, ni la même taille que quand je l'ai trouvée.

Nathan ne put réprimer un petit sourire lorsqu’il entendit l’hypothèse d’Artémis selon laquelle son emménagement pourrait amener les PPP (Parfaites Petites Pimbeches) à réduire drastiquement leur présence dans l’immeuble. Il leva sur la demoiselle son regard bleu azur teinté d’un soupçon de ruse avant de lui répondre :
 
- Je crois que c’est le plan. Pour la faire courte, Zoé est un peu … coincée avec elles. Longue histoire, et c’est pas forcément à moi de la raconter d’ailleurs … Mais oui, dans l’idée, on mise pas mal sur le fait que la présence d’un mec dans l’appart les rebute assez pour qu’elles aillent squatter ailleurs. Définitivement si possible.

Il reporta presque immédiatement son attention sur la petite Thémis, qui décidément semblait beaucoup l’apprécier. Il le lui rendit en gratouilles et caresses, qu’il lui prodiguait avec joie tout en écoutant sa nouvelle voisine lui parler de la chienne. Il compris à travers les demi-mots d’Artémis que son histoire n’était sans doute pas simple. Mais en tout cas, il n’en paraissait rien aujourd’hui, ce qui signifiait que quoi qu’il lui soit arrivé par le passé, elle était maintenant entre de bonnes mains.

- Wow, mais t’es déjà une grande fille, toi ! Mais oui !

Il ponctua sa phrase d’une petite caresse sur le haut de la tête. Il ne savait pas si Zoé aimait les animaux, mais il se voyait déjà en pet-sitter si un jour Artémis en avait besoin. Il faudrait qu’il lui en parle. En attendant, la proposition de la jeune fille lui tira un sourire franc. Tout en se relevant, il acquiesça de la tête :

- Oh un café … J’en rêve depuis au moins deux heures. Avec grand plaisir ! Laisse moi juste rentrer ces trois cartons à l’intérieur et je suis à toi !

Il joignit le geste à la parole, portant rapidement les cartons restants un peu plus loin dans l’entrée. Ils ne contenaient que des blurays, et il aurait largement le temps de les ranger avant que Zoé de rentre de cours. Il retrouva ensuite Artémis sur le palier et referma la porte avec son jeu de clé fraîchement acquis, qu’il avait agrémenté d’un petit porte-clé à l’effigie du Tardis. Il réalisa au même moment que ça y est, il était “chez lui”, et qu’un nouveau chapitre de sa vie allait démarrer. Une pensée qui l’emplit de joie. C’est donc tout sourire qu’il se tourna vers sa voisine pour lui lancer :

- Je te suis !

Je lui souris en retour en entendant sa réponse. Je comprenais mieux certaines choses. Notamment les fameux changements de comportement que j'avais cru capter chez Zoé. Au moins, ça voulait dire qu'elle était certainement plus gentille que le petit groupe qui l'accompagnait et que j'évitais le plus possible. Moins elles viendront, mieux tout le monde se portera.

"Je vois, je comprends mieux. Espérons que votre plan marche alors !"

Vu comme il l'avait présenté, ça avait l'air d'être une sacrée histoire. J'espérais vraiment que Zoé s'en sortirait vite. Mais même si elles ne venaient plus à l'appartement, il était fort probable qu'elles fassent leurs études ensemble donc elle les aurait encore un peu sur le dos. Mais au moins, elle serait tranquille une fois rentrée chez elle. Et peut-être que si nous devenons amies, je pourrais la soutenir.

Thémis réclama à nouveau des caresses et il lui donna avec plaisir. Ils avaient l'air de bien s'apprécier, j'étais contente. Mais la petite chipie en profitait grandement. Ce n'était pas tous les jours qu'elle rencontrait des personnes qui étaient d'accord pour la caresser comme ça, mais quand même. Ca m'arracha tout de même un nouveau sourire.

"Comme je te comprends. Ecoute, je rentre Thémis, je préviens ma cousine et je reviens !"

Je m'éclipsais rapidement, relâchant Thémis dans l'appartement, avant de me diriger vers la chambre de ma cousine. Je la connaissais, elle n'avait pas quitté sa chambre depuis que j'étais partie. Elle devait certainement être en train de travailler. Mais une pause lui fera également du bien. Je toquai donc à sa porte.

"Ayane ? Je vais préparer du café, j'ai invité notre nouveau voisin si jamais tu veux te joindre à nous."

Je repartis aussi vite que j'étais arrivée pour aller accueillir Nathan qui avait certainement fini de rentrer ses cartons. Je l'invitai à entrer avant de refermer derrière lui. Je lui indiquais la table et les chaises.

"Vas y, installe toi, je vais préparer le café."

Je me dirigeai ensuite vers la cuisine pour préparer ce qu'il fallait, faisant couler deux tasses de café, une pour Nathan et une pour Ayane, et fis chauffer de l'eau pour une infusion pour moi. Je ne raffolais pas de café. J'amenais ensuite tout ça à table, avec une petite boite de gâteaux.

"Est-ce que tu veux du sucre ?"

Nous sommes samedi matin. Un samedi matin tout ce qu’il y a de plus ordinaire pour une étudiante tout juste entrée en troisième année de licence. Autrement dit, je travaille. Je n’ai pas encore eu énormément de cours mais ces deux dernières années, et la réunion de rentrée de la semaine dernière, me permettent d’avoir plutôt une bonne idée des cours que je vais avoir ce semestre.

Je suis donc en train d’organiser mes classeurs et de ranger ceux des années précédentes par ordre chronologique et par matière. J’étais en train d’étiqueter un nouveau classeur orangé quand Artémis est entrée dans ma chambre.

– Ayane ? Je vais préparer du café, j'ai invité notre nouveau voisin si jamais tu veux te joindre à nous.

Ma cousine ne me laisse pas répondre quoi que ce soit avant de refermer la porte. Ok. Bon, un nouveau voisin, c’est ça ? Je ne crois pas me souvenir qu’un appartement soit libre à notre étage. Il aurait loué un appartement ailleurs dans l’immeuble ? À moins qu’il n’ait rejoint une collocation incomplète. Enfin, je ne dirai pas non à une pause-café. Et, qui sait, ce nouveau voisin sera peut-être une personne sympathique. Je n’aime pas particulièrement sociabiliser mais il faut au moins connaître les personnes qu’on est susceptible de croiser régulièrement.

Je m’étire un coup avant de me lever de ma chaise et de rejoindre Artémis dans la cuisine. Je m’assoie à table devant le café qui semble m’appartenir.

– Merci pour le café Arté.

Elle n’a pas attendue de réponse de ma part avant de me servir, preuve, s’il en est, qu’elle me connait suffisamment bien pour pouvoir prévoir mes réactions.

Je me tourne alors vers ce fameux nouveau voisin. Je ne sais pas à quoi je m’attendais mais me retrouver face à un jeune homme de notre tranche d’âge ne parait pas étonnant. Cet immeuble est habité par beaucoup d’étudiants et de jeunes travailleurs.

– Enchanté, je m’appelle Ayane. Artémis m’a dit que tu es notre nouveau voisin ? Tu es à cet étage ?

Ça ne m’étonne pas qu’il soit là, si naturellement, à boire un café dans notre appartement. Artémis n’est pas la seule qui me connaisse bien. Je suis sûre qu’elle l’a croisé dans les couloirs en allant promener Thémis et, qu’au détour d’une conversation, elle l’a trouvé sympathique et l’a naturellement invité chez nous. Ma cousine est vraiment gentille. Peut-être un peu trop parfois.