Liu Fang, l'héritier aux doigts d'or

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Liu Fang dispose d’une histoire que certains qualifierait de cousue de fil blanc. Ils auraient raison ceci dit, mais ne comprendrait pas qu’il est peut-être né dans une famille de bonne lignée, lui donnant un avantage certains, mais que c’est grâce à ses efforts qu’il est une personne influente aujourd’hui.

Le jeune homme vit le jour en novembre, au sein de la famille Liu. Déjà très prestigieuse à l’époque pour sa suite d’hôtels luxueux, la famille Liu s’était hissée au rang des familles les plus influentes de Chine. Certains racontaient qu’ils trempaient dans la mafia du pays et ainsi pouvaient influencer dans le domaine politique. Au contraire, le père de Liu Fang, Liu Jin, avait approché les dirigeants du pays lors d’événements divers et variés, ne comptant jamais les heures pour ainsi se graver dans leurs esprits. Il organisait des soirées et autres galas pour toujours être présent et se faire voir. Il devint rapidement une personnalité influente que tout le monde aimait et voulait côtoyer.
Quand son fils fut né, on raconte que les premières paroles du père pour son enfant furent :

« Tu deviendras encore plus influent que moi et sera connut dans le monde entier. »

L’enfance de Liu Fang révélait que ces paroles étaient vraies. Dès son plus jeune âge, il avait des précepteurs en pagaille. Pendant que son père implantait des hôtels à travers le pays, Liu Fang apprenait à lire et à écrire. Quand son père rentrait, il vérifiait où en était son fils et n’hésitais pas à le féliciter pour ses progrès avant de toujours monter la barrer de plus en plus haut. Au début plusieurs précepteurs lui disait que ses attentes étaient trop élevées, mais Liu Fang s’adapta rapidement avant de réussir à chaque fois de répondre aux attentes. Ce n’est certainement pas une enfance que tout le monde souhaiterait, mais pour l’enfant aux yeux dorés, c’était parfait. Plus il grandissait, plus il cherchait à être stimulé par les attentes de son père. Sa mère, elle, était là pour lui apporter l’amour nécessaire, le soutien moral quand il pensait ne pas réussir avant de se ressaisir. L’enfant aimait ses deux parents autant l’un que l’autre, car ils lui apportaient des choses différentes, mais complémentaires. Son père n’était pas non plus une brute, il jouait régulièrement avec son fils aux échecs ou alors au Xiang Qi. Il lui apportait la rigueur, mais aussi la souplesse d’esprit nécessaire à tout futur dirigeant. Ce n’était pas un secret que Liu Jin voulait céder la fortune familiale à son fils et qu’il l’éduquait en ce sens. Il aurait pu être tyrannique, acariâtre et aigri, mais il n’en fut rien. Au contraire, il fournissait simplement les ressources pour que la petite pousse devienne un arbre puissant. Liu Jin agissait, comme il agissait avec ses hôtels, il voyait le futur potentiel de son fils et lui donnait les moyens de l’atteindre.

Plus Liu Fang grandissait et plus il devenait un beau jeune homme. Lors de son adolescence, il participait aux galas de son père pour commencer à se faire connaître dans le monde très fermé des dirigeants de grandes familles. Il restait silencieux, n’échangeant que lorsqu’on l’abordait. Quand il vous parlait à ce moment, ses yeux marrons aux reflets d’or se plantaient dans les vôtres et c’est comme si vous échangiez avec une rivière : elle suivait son cours et ne déviait pas de trajectoire à moins de fournir de gros efforts. Beaucoup ne voulaient pas s’y risquer, mais Liu Jin, lui, gardait le silence pendant les réceptions, mais en privé, s’amusait à relancer certains débats et poussait le plus loin possible les réflexions jusqu’à ce que son fils soit limitées par ses connaissances, alimentant ainsi sa soif de savoir.
La jeune rivière suscitait aussi l’intérêt pour l’héritage familial, sa beauté et son potentiel futur. Plusieurs familles venaient l’air de rien pour présenter leurs filles et essayer de la placer aux côtés de Liu Fang. Quand la discussion s’engageait, le beau brun perdait très vite l'intérêt, ne voyant qu’une coquille creuse que ses parents ont voulu tailler à leurs images, rien de stimulant. Son père ne le forçait nullement à un mariage forcé, lui qui s’était marié par amour et dont sa compagne le soutenait dans l’ombre. Selon lui, une entreprise et son dirigeant ne serait rien sans une femme aimante et compréhensive caché dans l’ombre pour le soutenir et le conseiller quand tout est au plus mal et l’aider à remonter la pente.
Son adolescence vit aussi apparaître une nouvelle discipline à son emploi du temps déjà bien chargé. Il commençait la pratique des arts martiaux et la manipulation des armes traditionnelles chinoise. Liu Fang cherchait un moyen pour s’aérer l’esprit et éviter la surcharge de son cerveau. Demandant conseil, ses parents lui suggérèrent ces pratiques, car pour les apprendre, il fallait faire le vide et ne faire qu’un avec son corps et son esprit. Les débuts furent difficiles, mais plus il pratiquait et plus les bienfaits se faisait ressentir. Il apprenait à se calmer, changeant le torrent de la rivière en un cours d’eau calme et apaisé. Il rajoutait un peu de musculation pour parfaire son corps et le renforcer, supportant ainsi mieux les entraînements quotidiens.

Traditionnellement, le peuple chinois ne fête pas les anniversaires, sauf lors de l’enfance. La famille Liu ne dérogeait pas à la règle, mais fit néanmoins une exception pour les 20 ans de Liu Fang. Cet âge était synonyme d’un grand départ pour Liu Fang. Son père l’avait informé quelques années auparavant que s’il souhaitait lui succéder, il devrait faire ses preuves et qu’à 20 ans, il devrait partir en Angleterre, seul, avec une somme de départ et monter son propre empire sans user du nom de la famille Liu. S’il réussissait cette tâche alors son père vieillissant lui céderait les hôtels et entreprises Liu pour prendre sa retraite.
Cet anniversaire était une fête étrange. La journée se passait comme si Liu Fang était plongé dans du coton. Demain, il ne serait plus en Chine. Il avait eu du temps pour s’y préparer, mais être à quelques heures du changement le plus radical de sa vie, fait toujours un petit quelque chose.
Le soir même, ses valises étaient faites et il était en route pour l’aéroport. Il se savait capable de réaliser ce que son père attendait de lui, mais une boule s’était quand même formée dans son estomac. Une fois le dernier contrôle fait avant de passer les doubles portes, laissant sa famille derrière lui, son père lui fit un grand signe de la main avec un immense sourire confiant, tandis que sa mère l’embrasait sur le front en lui souhaitant bonne chance. Une fois les doubles portes fermées et qu’il était engagé pour se rendre sur le terminal de son avion, il n’était plus Liu Fang, mais Shen Fang.

Le voilà maintenant un an plus tard à Londres. Shen Fang vivait dans un petit appartement dans le quartier de Kesington. Il se levait pour commencer sa journée de travail dans une entreprise d’informatique Londonienne. Ce n’était pas un travail très passionnant, mais s’il voulait subvenir à ses besoins, il devait travailler et se faire une rentrée d’argent. Il s’amusait la journée à coder des sites marchands ou débuguer des logiciels sur un écran tandis que sur son ordinateur portable personnel, il faisait des études de marché et divers graphiques avec prévision pour des idées d’entreprises que son imagination lui apportait. La somme donnée par sa famille était unique et n’augmenterait pas à moins que lui-même y ajoute des fonds. D’après ce qu’il avait calculé, son père, ce petit malin, lui avait donné assez d’argent pour une seule et unique entreprise qu’il devra faire fructifier ou alors un rachat de plusieurs petites entreprises. Après avoir cherché et tâtonné pendant un an, Shen Fang avait senti un filon passer. Les Londoniens aimaient bien boire un verre et se détendre après une journée au travail. Les pubs étaient remplis tous les soirs de la semaine, en ouvrir un ou en racheter plusieurs seraient une solution de facilité et il pourrait ainsi rentrer avec le sourire. Pourtant, cette solution n’intriguait pas du tout le beau brun et il savait que son père ne serait pas impressionné non plus. Son idée alors était simple, pourquoi ne pas allier alcool et détente ? Les Londoniens aimaient boire ? Très bien ! Ils adoraient la bière et le whisky ? Parfait ! Ils voulaient se détendre ? Merveilleux !
Il passa plusieurs coups de téléphone le lendemain et racheta un spa dans le quartier de la City. Dans ce petit complexe, il allait organiser des dégustations de bière et whisky chinois juste après s’être fait masser par des mains expertes, évacuer le stress par des bains à remous et autres moyens de détente, tout sous le signe de la Chine. Il allait faire de l’endroit un point de téléportation directement dans le pays qui l’a vu naître.

Deux années passèrent et Shen Fang, ou plutôt, Le Repos de l’Empereur, était devenu incontournable et très prisé dans la cité anglaise. Il avait attiré les premiers clients en cachant l’entrée de l’édifice derrière une façade de magasin de bonbons. Il a fait circuler une rumeur selon laquelle si tu entrais dans le magasin et tournait le pot des bonbons à l’effigie de dragons trois fois, une porte s’ouvrait derrière le faux comptoir, permettant l’accès à un spa très restreint où il y avait peu de places par jour. En axant son marketing sur le mystère et la rareté, il avait attiré aisément plusieurs clients, il a couplé ça à un service digne des hôtels Liu et c’était dans la boîte. En six mois à peine, il était connu dans toute la cité et en une année dans toute l’Angleterre. Il avait profité de la rentrée d’argent pour acheter d’autres petit spa caché à travers la ville, créant de temps à autre des événements dans certains, sans jamais prévenir sur les réseaux. Il avait ainsi organisé de véritables chasses aux trésors à qui trouverait en premier les ouvertures des nouveaux spas pour une durée d’un seul jour avec à l’intérieur un service VIP pour le simple prix d’une entrée basique au Repos de l’Empereur. Il avait réussi et commencé un nouvel empire, sa tête devenant connue à travers le pays, organisant de très rares interviews, mais présent sur la scène de la haute société anglaise.

Nous voici maintenant à ses 24 ans. Shen Fang est redevenu Liu Fang à son retour en Chine, succédant à Liu Jin à la tête des hôtels et entreprises Liu, fournissant des matériels informatiques de pointe aussi bien dans la médecine que le publique et du confort très haut de gamme avec un repos bien mérité dans leurs hôtels de luxe. Il était à la tête d’une fortune colossale s’élevant à plusieurs milliards qui ne cessait de monter maintenant que les Spas de l’Empereur s’étaient rattachés à la famille Liu.
La rivière était devenue un immense fleuve serein et sûr de lui. Il venait de poser ses valises à Paris, signe d’un nouveau projet ou de simples vacances ? Lui seul est au courant de ça, mais ses yeux aux reflets d’or commençaient déjà à guetter une opportunité.