Zoé Lee - Qu'est-ce que l'on est quand on ne peut plus être soi-même ?

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Zoé est la fille d'Audrey Bourgeaois, rédactrice en chef d'un grand magazine de mode, et de Damian Lee, un réalisateur New Yorkais assez connu pour vivre confortablement, mais pas assez pour briller autant qu'elle. Les corconstances de leur rencontre sont floues. Aujourd'hui encore, Zoé ignore si Audrey et son mari étaient séparés quand ses parents se sont rapprochés mais, au fond, ça n'a pas d'importance à ses yeux. Sa mère était tout de même mariée, et mère d'une petite fille ; pour Zoé, son acte sera toujours impardonnable. Elle n'a, de toute façon, jamais passé beaucoup de temps avec sa mère. Celle-ci a fini par se lasse de son aventure New yorkaise bien avant que sa fille soit en âge de se forger des souvenirs d'elle.

Damian est un homme légèrement plus chaleureux que son amante, mais pas beaucoup moins autoritaire. Très occupé de part sa carrière de réalisateur, il faisait de son mieux pour ne pas délaisser sa fille mais fut de nombreuses fois contraint de la laisser aux mains de nourrices, gardiens et autres employés de maison pendant plusieurs jours pour se rendre sur des tournages. Elle ne lui en a jamais tenu rigueur, ou en tout cas n'en a pas nourri de rancœur, mais la solitude a pesé rapidement sur son cœur d'enfant. Elle était "la fille qui n'a pas de maman", son père ne lui ayant pas tout de suite dévoilé l'identité de sa génitrice, la petite fille qui venait souvent seule aux journées parents d'élèves, qui restait dans son coin pendant les fabrications de cadeaux pour la fête des mères, qui a rapidement appris à garder ses connaissances sous silence par peur du regard de ses camarades. La solitude est devenu un dévorant besoin d'être accepté qui s'est agrandi avec l'âge.

Et puis, elle a fini par rencontrer sa mère. Quand son père lui a révélé qu'elle serait à New York pour une longue période, Zoé n'en a pas cru ses oreilles. Elle était heureuse de rencontrer enfin cette mère mystérieuse, mais elle a rapidement déchanté. Car Audrey ne ressentait que peu d'intérêt pour elle, se souvenait à peine de son prénom, l'ignorait la moitié du temps et demanda de nombreuses fois ce qu'elle "faisait encore ici", alors même qu'elle était simplement chez elle et que c'était Audrey qui était là en visite. Mais elle voulait une mère. Elle voulait que cette femme qui s'était faite fantôme une grande partie de sa vie apprenne à la voir, à l'apprécier, elle voulait qu'elle lui sourie et qu'elle paraisse l'apprécier. Alors elle a commencé à l'imiter, en vain.
Par contre, cela semblait marcher dans sa classe.

Au collège, elle s'est vite rendue compte que les gens la regardaient différemment. Pas parce qu'ils connaissaient l'identité de sa mère, résolument tenue secrète, mais parce qu'à force de copier son attitude en sa présence, elle avait fini par le faire également à l'école. Comment mieux se faire accepter qu'en imitant les filles populaires, en les rejoignant et en changeant de côté de la barrière ? Certes, les regards plein de larmes frappés par l'injustice qu'elle laissait parfois derrière elle lui brisaient le cœur, mais c'était mieux que d'en faire partie... non ?

Quand Zoé et Chloé étaient respectivement en quatrième et en troisième, l'âinée a quitté Paris sur un coup de tête pour rejoindre sa mère à New York. C'est comme ça qu'elles se sont rencontrées. Zoé est rentrée de l'internat pour passer une semaine chez sa mère pendant les vacances scolaires, parce que son père était à Los Angeles, et Chloé a découvert son existence. Les choses se sont... très mal passées. Aux yeux de sa soeur, Zoé est devenue la raison de l'absence de sa mère, la source de ses problèmes. Finalement, elle est retournée à Paris bouillonnante d'une rage qui ne s'est jamais vraiment éteinte. Et Audrey a suivi, pour retrouver son mari, laissant à nouveau Zoé seule avec son père.

Le lycée n'a pas été une période plus simple que le collège. Toutes les amis auprès desquelles elle jouait un rôle l'ont rejetée le jour où elle s'est rapprochée de Katie Wilsonn, une fille d'une autre classe - une solitaire, un peu exclue et à l'écart, trop douce pour l'environnement huppé de leur école. Et plus proche de sa personnalité, donc avec qui elle se permettait d'être plus naturelle. Trop naturelle, aux yeux des autres. Encouragée par Katie, Zoé a trouvé la force de s'affirmer, de redevenir elle-même, mais ça lui a coûté sa place dans la hiérarchie scolaire. Les sentiments amoureux qu'elle s'est découvert pour Katie, et dont elle a fait l'erreur de parler à la mauvaise personne, on été le coup final qui l'a fait passer d'ancienne populaire ostracisée à bouc émissaire.
Mais son amour, miraculeusement réciproque, lui a permis de tenir le choc. Katie, elle ne l'avait pas abandonnée.

Elle était à ses côtés quand tout le monde s'est retourné contre elle. Quand les commentaires sont devenu des blagues de mauvais goût, parfois dangereuses. Quand elle était au bord du gouffre ou pour la retenir quand elle voulait s'enfuir et tout plaquer. Elle a été sa première petite amie, son premier amour réciproque, son premier baiser, ses premiers projets d'avenir, sa première fois ; son premier dilemme, aussi, le jour où leur projet de partir ensemble à Paris s'est heurté à un mur. Zoé a été acceptée dans son école. Katie, non.

Il leur a fallu de longues discussions avant de décider de tenter la relation à distance. Une à Paris, l'autre à New York, avec l'objectif de se voir aussi souvent que possible puis de se rejoindre une fois leurs études terminées. Prendre l'avion pour la France lui a quand même fat très mal.

Même si elle a un peu hésité, elle a préféré ne pas demander l'aide de sa mère et s'est pris une chambre en résidence étudiante. Sa détermination à tenter d'être elle-même est morte dans l'œuf quand sa coloc a demandé à changer de chambre en apprenant qu'elle était en couple avec une fille. Avec en plus en tête le comportement de sa sœur et celui de sa mère, elle a conclu que la France n'était sans doute pas mieux que les États-Unis et elle s'est à nouveau enfermée dans un rôle.

Dès les premiers jours de l'année scolaire, elle a repéré le groupe le plus populaire de sa promo et s'y est accrochée pour rester à l'abri des autres. On a eu beau lui affirmer que les études supérieures ne suivaient pas le même genre de hiérarchie que le secondaire, elle ne prendra pas le risque.

En guise de populaires, et par habitude, elle s'est surtout rattachée à un trio de pestes que les gens craignent plus qu'ils ne les apprécient. C'est à force de les côtoyer qu'elle a fini par quitter sa résidence. Toute l'année, elles ont tenté de la convaincre de prendre un vrai appartement en demandant l'aide de sa mère, et c'est quand elles ont commencé à poser trop de questions qu'elle a fini par s'y résoudre. Pas en demandant de largent comme elles l'imaginaient, mais de l'influence ; Audrey lui a déniché un rôle secondaire dans une série, qui lui permet de payer ses factures. Elle a donc emmenéagé dans son appartement, en colocation, un peu avant l'astralisation de Gabriel Agreste.

Comme beaucoup de monde, elle le connaissait - difficile de faire autrement - mais plus à travers la carrière d'Emilie. L'épisode de l'astration, en revanche, l'a laissée complètement perdue. La magie s'était toujours limitée aux films et aux effets spéciaux, à ses yeux, et elle ne sait toujours pas comment appréhender tout ça. Pour sa colocataire, par contre, c'était vite vu : elle a tout fait pour trouver un travail ailleurs et a fui Paris sans demander son reste.

Depuis avril, Zoé vit toute seule ; elle n'a pas eu l'énergie de chercher quelqu'un d'autre pour le moment et paye les deux moitiées du loyer même si son argent fond à vue d'œil. Ses amies y ont par contre vu une opportunité parfaite de transformer son salon en QG de la bande - autant dire qu'elle commence sérieusement à regretter sa coloc.

Avec la nouvelle année scolaire, les tournages de sa série la forcent parfois à rater des cours, ce qui ne fait que la stresser davantage. Alors même si elle n'apprécie pas trop que le nom de sa mère ait convaincu les producteurs de la faire participer à la promo, elle apprécie la bouffée d'air frais quand elle doit "feindre la douceur pour les caméras". Autrement dit, l'excuse parfaite pour être naturelle.