Depuis que j’avais emménagé avec Ayane, je voyais beaucoup moins Raphaël. J’essayais de passer le voir quand je passais chez mes parents. Mais avec mes études, je passais beaucoup de temps dans la chambre de mon appartement à réviser. Et lui ne sortait pratiquement jamais de la sienne non plus. Encore moins qu’avant. Ça me rendait triste de ne plus le voir. C’était lui qui m’avait aidée quand j’avais trouvé Thémis. D’ailleurs, je la prenais toujours avec moi pour qu’elle puisse le voir aussi. Elle lui faisait toujours la fête.

Mais aujourd’hui, le coup de fil que ses parents m’avaient passé m’avait inquiétée. Cela faisait plusieurs jours qu’il n’était presque pas sorti de sa chambre et ils ne savaient pas quoi faire pour le faire sortir. J’avais mis de côté mes révisions pour aujourd’hui. C’était mon ami depuis très longtemps, j’étais très attachée à lui. Et s’il avait besoin de moi, j’allais tout faire pour l’aider. Cela ne m’étonnait pas vraiment qu’il ne sorte pas de chez lui car il le faisait déjà quand j’étais au lycée. Mais de sa chambre, ça devenait plus inquiétant. Je passais rapidement le collier à Thémis avant de marcher en direction de la maison de mon ancien voisin.

Je marchais vite. Plus vite que d’habitude. J’avais vraiment peur qu’il lui soit arrivé quelque chose. Et je m’en voulais d’avoir pris moins de nouvelles de lui qu’avant. Mon cœur se serra en repensant aux moments qu’on avait partagés plus jeunes. Je l’aimais beaucoup et je ne voulais pas le perdre. Une fois arrivée devant la maison, je toquais plusieurs coups d’affilée.

« Bonjour ! Je suis venue aussi vite que j’ai pu. »

Sa mère me fit entrer. Elle n’avait pas besoin de m’indiquer le chemin, je le connaissais par cœur. Je montais rapidement les marches, suivie de près par Thémis. Une fois devant la porte close de Raphaël, je pris le temps de reprendre ma respiration. J’avais été un peu vite. Je toquais, plus doucement cette fois à la porte de mon ami avant de parler d’une voix douce.

« Raphaël ? C’est Artémis, je peux entrer ? »

Je ne savais pas dans quel état j’allais le retrouver, mais j’étais stressée.

Raphaël commençait à désespérer. Ça faisait des années qu'ils collectait des informations sur les Inséparables, les Antagonistes et les autres immortels, tout en s'efforçant d'échapper aux Scientifiques, mais il avait la sensation de ne pas avancer du tout. Aucune trace de son Âme-Sœur nulle part. Une angoisse sourde commençait à s'instiller dans sa tête. Et si les Scientifiques l'avaient trouvée ? Il passait tellement de temps reclus qu'il avait peut-être raté la chance de la croiser, et ils avaient mis la main dessus avant lui. Ou pire, si un Antagoniste l'avait découverte et avait réussi à se faire passer pour lui, et à accéder au plan des immortels en laissant Raphaël seul à jamais, sans son Âme-Sœur ? C'était une possibilité. Au bout d'autant de réincarnations, le fait qu'il soit toujours sur le plan terrestre était plutôt inquiétant. Ça voulait dire qu'ils n'avaient jamais réussi à se réunir. Si ça se trouve, elle avait disparu de ce monde depuis bien longtemps, bien avant qu'il ne renaisse dans cette vie...
Non, c'était impossible.

Il refusait d'envisager cette éventualité. Peut-être qu'ils n'avaient simplement pas pu se croiser dans leurs vies précédentes. Le monde était vaste et les moyens de transports et de communication des anciennes époques, pas aussi pratiques. Sans compter s'ils étaient tombés sur des dangers et étaient morts dans leurs ancienne réincarnations avant de se rencontrer, forçant le passage à la vie suivante. Il y avait bien d'autres possibilités pour expliquer qu'ils ne se soient pas encore retrouvés.

Il sursauta en entendant frapper à la porte, coupé au beau milieu de ses réflexions. Depuis combien de temps était-il enfermé ici, dans son short en jean et son sweat trop grand pour lui ? Il jeta un œil à sa montre. Ça faisait plusieurs jours qu'il ne sortait que très peu, pris dans ses recherches et ses théories, mais il prenait toujours soin de prendre des douches et d'aller manger histoire de ne pas risquer de dépérir et d'être trop faible pour défendre ses parents si les Scientifiques finissaient par le retrouver. Mais en l'occurrence, la voix qui s'éleva de l'autre côté de la porte n'était pas celle de sa mère, ni de son père. C'était une voix familière qu'il avait l'impression de ne pas avoir entendue depuis longtemps.

Il se redressa, un peu fébrile sur ses jambes pliées depuis trop longtemps, et délaissa un instant les papiers et les plans étalés sur le sol pour avancer vers la pote et l'entrouvrir. La lumière venant du couloir lui piqua les yeux ; il les plissa par réflexe sans prendre le risque d'ouvrir plus grand le temps de se réhabituer.

- Artémis ? Qu'est-ce que tu fais ici ?

Il était plus curieux que gêné. Il l'appréciait beaucoup et il devait bien admettre qu'elle lui manquait. Il pouvait bien s'accorder un peu de temps hors de ses recherches pour renouer les liens avec elle, depuis le temps qu'il ne l'avait pas vue.

J’attendis quelques secondes avant d’entendre des pas qui s’approchaient de la porte. Elle s’entrouvrit, me laissant apercevoir le visage de Raphaël. Je le vis plisser les yeux. S’il était resté dans la chambre aussi longtemps, ce n’était pas étonnant que la lumière du couloir lui agresse les yeux. J’appuyais rapidement sur l’interrupteur pour soulager la vision de mon ami. En le regardant de plus près, je vis ses yeux fatigués. J’espérais qu’il n’avait pas enchainé les nuits blanches, c’était mauvais pour la santé…

« Je … suis venue te rendre visite. Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vus et je voulais avoir de tes nouvelles. Je voulais savoir si on pouvait passer l’après-midi ensemble, comme avant. Tu nous manques. »

Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vus. Cette même phrase qu’il m’avait dite lorsqu’on avait trouvé Thémis, sous ce banc. Ce jour-là, on avait pu à nouveau se rapprocher et redevenir amis, comme avant. Mais mon déménagement et mes études nous avaient à nouveau éloignés. Je m’en voulais de ne pas lui parler aussi souvent qu’avant. Ça me manquait.

Je lui fis un sourire doux, baissant le regard vers Thémis, assise sagement à mes pieds et qui le regardait avec le regard qu’elle savait si bien faire quand elle voulait quelque chose. Elle avait quatre ans mais elle avait toujours cette petite bouille de bébé à faire fondre n’importe qui. Heureusement que j’arrivais parfois à lui résister sinon je lui donnerai des friandises toute la journée.

Mais avant que je ne puisse la retenir, elle s’engouffra dans la chambre de Raphaël en passant juste par le petit entrebâillement de la porte et en la poussant par la même occasion.

« Thémis non ! Je suis désolée, est-ce que ça va ? »

J’espérais qu’en poussant la porte, elle ne lui avait pas fait mal. Elle ne faisait pas attention à ce qui l’entourait et surtout au fait que, justement, elle n’était plus un bébé et qu’elle ne passait pas partout comme avant. Je la vis, assise au milieu de la chambre, qui me regardait avec son petit air malicieux. Mais je n’entrais pas, Raphaël ne m’avait pas invitée à le faire alors je me contentais de froncer les sourcils en la fixant.

« Reviens ici, tu n’as rien à faire dans cette chambre. »

Ma voix était calme mais le ton était sans appel. Thémis regarda dans la direction de Raphaël avant de se diriger à nouveau vers moi.

Il ne s'attendait pas du tout à la voir. Ça ne le dérangeait pas – se sortir la tête de tous ses problèmes d'immortel ne lui ferait pas de mal – mais il avait un peu de mal à comprendre. C'était si soudain. Et il avait passé tellement de temps enfermé dans sa propre tête, ses réflexions et ses recherches qu'il avait un peu de mal à recalibrer sur la réalité. Artémis était de l'autre côté de la porte. Bon. Information enregistrée.

Le "nous" lui fit réaliser qu'elle n'était en effet pas venue seule. Il baissa la tête et écarquilla un peu les yeux en reconnaissant la petite chienne qu'ils avaient sauvée quelques années plus tôt. Quoi que petite n'était plus trop le terme approprié. Elle avait... beaucoup grandi. Ça faisait si longtemps que ça ? Il perdait vraiment la notion du temps.

- Euh oui, on p...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que Thémis poussa la porte, l'obligeant à reculer et faisant par le même coup entrer une grande quantité de lumière dans la pièce. Il se remit à plisser les yeux face à la transition trop violente de l'éclairage. Il se retourna pour voir qu'elle s'était assise en plein milieu de la chambre, toute fière d'elle, dans un tas de feuilles qu'il n'avait pas pris le temps d'organiser. Il soupira en se pinçant l'arrête du nez, mais il était plus amusé qu'en colère.

- Je crois que tu as raison. Je lui ai manqué, on dirait.

Il sourit tandis que, grondée par sa maîtresse, la chienne retournait vers la porte. Il lui grattouilla la tête au moment où elle s'apprêtait à la franchir et elle s'arrêta, visiblement contente d'avoir enfin de l'affection de sa part.

- Laisse-moi juste cinq minutes pour me changer et je vous rejoins.

Il ne pouvait pas sortir dans cette tenue. D'abord, il faisait trop froid pour se promener en short, immortel ou pas. Et surtout, même si le soleil était moins fort en cette saison, il possédait toujours la capacité de le dessécher avec un contact direct prolongé et il n'avait pas envie de passer son temps à boire et se laver les mains, ou de filer en milieu d'après-midi pour rentrer prendre une douche.

Ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas vus. Trop longtemps. Comme la première fois où nous avions été séparés. Je n’aimais pas ça et je ne voulais pas que ça se reproduise. Mon ami me manquait. Mais je me rendis aussi compte que j’aurai peut-être dû le prévenir avant de venir. Mais, en même temps, le coup de fil de sa mère m’avait prise de court et j’étais juste… tout simplement venue.

« Je suis désolée, j’aurai dû te prévenir avant… »

J’espérais que je ne le dérangeais pas. Mais à peine commençait il sa réponse à ma proposition que Thémis m’échappa pour se ruer dans sa chambre et s’assoir au milieu de ses feuilles, toute fière d’elle. Raphaël avait l’air d’aller bien, elle ne l’avait pas trop bousculé en entrant. C’était le principal. Et même elle s’en serait voulue si elle avait blessé celui qui l’avait sauvée quelques années plus tôt. Fort heureusement, à part la lumière qui emplit la pièce, il n’y eut pas de dégâts notoires.

« J’en suis certaine. Tu aurais vu comme elle était excitée quand on est arrivé non loin de ta maison. »

Elle sautillait sur place en reconnaissant le chemin et elle tirait même sur la laisse alors qu’elle ne le faisait pas d’habitude. J’avais dû la retenir quand sa mère nous avait ouvert la porte, mais elle m’avait échappé une fois devant sa chambre. Quelle petite chipie. Mais elle avait compris sa bêtise et revint vers moi sans que je n’ai besoin d’hausser la voix. Elle s’arrêta à sa hauteur en recevant des petites gratouilles et je souris. Comment ne pas fondre devant cette scène ?

« Aucun problème, je t’attends en bas. »

Je récupérais Thémis avant de retourner vers les escaliers pour redescendre après un dernier sourire à mon ami. J’étais contente qu’il ait accepté de passer du temps avec nous. J’étais certaine que ça nous ferait du bien. A tous les trois.

Sortir n'avait clairement pas fait parti de ses priorités ces derniers temps. En fait, il ne savait pas trop depuis combien de temps il était enfermé dans sa chambre, absorbé par ses recherches. Quelques jours ? Semaines ? ... Mois ? Difficile à dire et à jauger quand il avait déjà du mal à se situer entre le jour et la nuit. Une chose était sûre, cependant : les risques de sortir aujourd'hui étaient minimes. Le soleil ne l’agresserait pas autant qu'en été, et il estimait avoir disparu assez longtemps pour que les Scientifiques aient relâché leur vigilance. Pas assez pour qu'il se mette trop en avant non plus, bien sûr, mais une journée à l'extérieur était relativement sans risque pour lui et pour Artémis.

Celle-ci redescendit avec sa compagne animale et Raphaël referma la porte, fouillant dans ses placards pour récupérer de quoi affronter le froid hivernal. Jean, t-shirt, sweat,capuche, chaussettes épaisses, rien de spécialement remarquable. Il s'assura d'avoir bien tous ses catalyseurs de pouvoirs, même ceux qu'il ne portait pas toujours quand il était seul, puis il entrouvrit un peu le volet pour prendre le temps de vraiment s'habituer à la lumière avant de descendre. L'extérieur serait plus violent qu'une porte ouverte, même soudainement.

Notion de prudence élémentaire induite par ses tendance paranoïaques, il descendit l'escalier avec une prudence exagérée. Il faut dire qu'il n'avait pas fait beaucoup de voyages vers le rez-de-chaussée ces derniers temps, sautant parfois – presque tous les jours, en fait – des repas quand ses parents étaient au travail, et commencer sa journée par une chute ne le tentait pas plus que ça.

- Je suis là.

Il la rejoignit, sourire aux lèvres et mains dans les poches. La lumière lui piquait encore les yeux et il était à peu près sûr de terminer la journée avec une migraine mais peu importe. Artémis avait fait le déplacement pour venir le voir et ça faisait une éternité qu'ils n'avaient pas passé du temps ensemble, il se remettrait des rayons du soleil.

Non loin d'eux, sa mère sortit discrètement une paire de chaussures du tiroir dont il ne les avait pas bougées depuis longtemps, puis elle repartit l'air de rien, ravie de le voir enfin passer du temps dehors et peu encline à mettre en péril ce rare moment de normalité dans le quotidien de son fils.

Je savais qu'il n'était pas spécialement du genre à beaucoup sortir dehors. Pour des raisons que j'ignorais encore, il préférait rester au maximum chez lui. Et quand il sortait, c'était toujours très habillé, même l'été. Je n'avais jamais vraiment posé de questions, mais ça m'inquiétait tout de même.

Et le coup de fil de sa maman m'avait ramenée à la réalité. J'avais pris conscience que je m'étais éloignée sans le vouloir. Je l'avais laissé tomber alors qu'il avait peut-être besoin de moi. Et j'espérais qu'il n'était pas trop tard pour retrouver mon ami. J'espérais qu'il me pardonnerait de ne pas avoir pris de ses nouvelles plus tôt. Quelle piètre amie je faisais, de l'avoir ainsi laissé de côté.

Mais, au vu de sa réaction quand il m'avait vue, avec Thémis, devant sa porte, ça me laissait penser qu'il ne m'en voulait pas. Ses sourires, les gratouilles qu'il avait faites à notre petite protégée et le fait qu'il avait accepté que l'on sorte l'après-midi pour se retrouver, comme avant. Tout ça me laissait penser que nous pouvions repartir sur de bonnes bases. Et, cette fois, je ne comptais plus le laisser s'éloigner ou m'éloigner de lui à nouveau. Je ne voulais plus le perdre malgré la distance qui séparait nos domiciles.

Je me retournais quand je l'entendis descendre. Il ne semblait pas à l'aise dans les escaliers. J'étais inquiète, mais j'essayais de le garder pour moi. Au moins pour le moment. Je préférais qu'il m'en parle de lui-même si quelque chose n'allait pas, mais j'allais faire attention à lui. Je lui souris en retour, contente de voir qu'il avait l'air heureux que l'on puisse passer du temps ensemble.

Je vis du coin de l'œil sa maman qui préparait ses chaussures et je souris un peu plus. Elle voulait s'assurer que tout allait bien pour son fils, mais en essayant de rester discrète. Je trouvais ça adorable.

"Est-ce que tu veux manger un petit truc avant de partir ? Ca te ferait du bien. Ou alors on prend quelque chose sur le chemin ?"

Je le trouvais un peu pâle. Et vu la manière dont il avait descendu les escaliers, il ne semblait pas au meilleur de sa forme. Il fallait qu'il reprenne des forces.

Sa mère s'inquiétait trop pour lui. Mais comment aurait-il pu lui expliquer ses raisons ? Il l'avait surprise plusieurs fois à chuchoter avec son père comme s'ils essayaient de déterminer le problème. Bien entendu, ils n'y pouvaient rien, ni l'un ni l'autre ; mais il avait compris qu'il était temps qu'il trouve un moyen de donner le change s'il ne voulait pas que l'inquiétude se transforme en injonctions risquant de mettre tout le monde en danger.

Pour l'instant, cependant, ce n'était pas à l'ordre du jour. Sa mère était plutôt de bonne humeur, en fait, à en juger la façon dont elle avait sorti ses chaussures, presque un peu trop guillerette. Il fronça un peu les sourcils mais décida de l'ignorer pour se concentrer sur Artémis. Après tout, si ça lui faisait plaisir de le voir sortir avec une amie, il n'avait aucune raison de commencer à gâcher sa bonne humeur. Au contraire, plus elle serait joyeuse, moins elle serait encline à se poser des question à son sujet. Il lui jeta un coup d'œil avant de répondre à la question de son amie.

- Quitte à sortir, autant manger dehors. Surtout que Thémis risque de s'impatienter si on mange ici.

À vrai dire, il n'avait pas très faim. Mais ça faisait partie des illusions qu'il devait maintenir au quotidien. Faire semblant d'être quelqu'un de normal était un peu pesant, parfois. C'était aussi pour ça qu'il s'était autant plongé corps et âme dans ses recherches. Plus vite il trouverait son âme-sœur pour accéder au plan des immortels, plus vite il pourrait arrêter de jouer la comédie. Il espérait juste que ses proches ne seraient pas trop tristes quand il partirait. Peut-être qu'il aurait l'occasion de tout leur expliquer avant de quitter leur réalité.

Raphaël se dirigea vers la porte et feignit de n'avoir pas remarqué que ses chaussures étaient "apparues par magie". Si sa mère voulait se croire discrète, ça ne lui coûtait rien de lui accorder ce plaisir. Il enfila donc ses chaussures et s'assura qu'Artémis le suivait avant de sortir de la maison. Il se demandait quand même un peu pourquoi Artémis avait subitement décidé de prendre de ses nouvelles aujourd'hui. Était-ce un jour spécial ? Peut-être qu'elle passait juste dans le coin, mais il avait du mal à croire aux coïncidences. Pourtant, là, il séchait un peu sur les raisons de cette décision. Elle avait sans doute trouvé quelque chose qui l'avait fait penser à lui, ou un truc comme ça.

- Maman m'a dit que tu vivais avec ta cousine. Ça se passe bien ?

Elles avaient toujours été proches, donc il n'y avait aucune raison qu'il y ait un problème, mais parfois, la cohabitation faisait naître des soucis qui n'étaient pas décelés avant. Et puis ça lui permettait de parler d'elle, c'était un sujet sans danger, contrairement à d'autres.

Il avait aussi remarqué le petit manège de sa mère. Mais, comme moi, il choisit de ne pas relever. J'acquiesçai, après avoir jeté un œil à la petite chienne qui commençait déjà à tourner en rond.

"Oui, tu as raison. On prendra un truc sur le chemin."

Je me levais donc, entrainant Thémis dans mon sillage. Après un dernier sourire à sa mère, je suivis Raphaël en dehors de la maison. J'étais vraiment contente qu'il ait accepté cette petite sortie. J'étais certaine que ça nous ferait du bien à tous les deux. Je n'aimais pas qu'on reste si longtemps séparés. Et, même si j'avais compris il y a quelques années que je resterai une simple amie à ses yeux, je ne voulais pas m'éloigner de lui. J'étais jeune quand j'avais découvert que je l'appréciais plus que ce que je voulais bien admettre. J'avais été triste, oui. Mais j'avais mis mes sentiments de côté pour rester toujours présente à ses côtés, en tant qu'amie.

"Maman m'a dit que tu vivais avec ta cousine. Ça se passe bien ?"

La voix de Raphaël me ramena à la réalité.

"Oui ! On a emménagé ensemble après le bac. Notre appartement est vraiment bien situé par rapport à nos deux écoles, c'est pratique. Tu pourrais passer un de ces quatre, si tu veux ? Ca me ferait plaisir de te faire visiter."

Depuis que je n'habitais plus chez mes parents, je le voyais moins. Quand je venais de ce côté de là de Paris, c'était pour rendre visite à ma famille et je ne prenais pas forcément le temps de sonner chez lui. C'était un tort. Et je comptais bien remédier à cela, dorénavant. Mais je prendrai soin d'appeler, pour qu'il soit prévenu de mon arrivée possible cette fois. Et qu'il puisse décliner s'il n'en avait pas envie, évidemment.

"En plus, il y a un super parc juste à côté. J'y vais souvent avec Thémis pour me promener ou courir. Ca fait du bien pour évacuer après les cours. Je dois bien avouer que c'est intense et j'ai parfois besoin de déconnecter de tout ça. Même si c'est le métier de mes rêves, ça reste prenant et émotionnellement épuisant."

Je m'accrochais, et je ne comptais pas abandonner. Mais parfois, j'avais besoin de temps pour moi et de partager des moments avec ma cousine, mes amis et Thémis. Si je négligeais ces moments, je ne pense pas que je me sentirai aussi bien. Je crois même que je pourrais plus facilement me renfermer sur moi-même.

"Et toi ? Ca se passe bien avec tes parents ? Tu trouves ce que tu veux dans tes recherches ?"

Je le voyais souvent travailler sur des choses. Je ne savais pas si c'était en rapport avec ce qu'il voulait faire ou si c'était un loisir. Mais ça m'intéressait de savoir sur quoi bossait mon ami. Je voulais tenter d'en savoir plus sur lui et de rattraper le temps perdu.

Je m'arrêtai devant une boulangerie. C'était l'occasion d'acheter quelque chose à manger. Je lui tendis la laisse de Thémis.

"Tu veux bien la garder le temps que j'aille chercher un truc ? Je te prends quoi ?"

Je lui fis un sourire en attendant sa réponse. Il n'avait pas l'air motivé à manger tout à l'heure, j'espérais que ça allait mieux.

Eh bien, il avait un programme "normal" pour sa journée, sa mère serait satisfaite. Ça se voyait rien qu'à la manière dont elle avait sorti les chaussures et celle dont elle regardait Artémis. On avait l'impression que la jeune fille venait d'endosser un costume de super-héroïne. Il n'était pas fâché d'être dehors avec elle, à l'abri des oeillades de sa mère. Et Thémis semblait plus que ravie de remettre la truffe à l'extérieur.

- Oui, pourquoi pas. C'est dans quel coin ?

Il ne connaissait pas vraiment sa cousine. Ils s'étaient croisés peut-être une ou deux fois dans leur enfance, quand elle venait chez Artémis, mais sans plus. Il n'avait pas la moindre idée de comment elle était, aujourd'hui, mais l'essentiel était que leur colocation se passe bien. Même si, au final, Artémis donnait plus d'informations sur l'appartement et ses environs que sur sa relation avec sa cousine. "Pas de nouvelles, bonne nouvelle" s'appliquait sûrement aussi à ce genre de situation : ss'il y avait eu des soucis entre elles, elle n'aurait pas paru si sereine.
Ses cours, par contre, semblaient être une autre histoire. Elle avait l'air pas mal stressée.

- Tu es faite pour ça. Ça vaut la peine de t'accrocher.

Elle avait toujours eu un don avec les animaux - qu'il soupçonnait d'être plus que ça. Contrairement à lui, elle avait l'opportunité d'utiliser ses capacités discrètement au quotidien, ça aurait été dommage de rater l'occasion à cause de la difficulté des cours. Heureusement, elle était bien entourés ; il ne doutait pas qu'elle s'en sortirait.

- Hm. Ouais, ça va. Rien n'a beaucoup bougé.

Ni au niveau de ses parents, ni de ses recherches. Il commençait à déséspérer. Mais il préférait ne pas y penser pour le moment. Il était sorti pour passer du temps avec elle et pour se changer les idées, pas pour se rappeler à quel point sa vie tournait en rond.
Ils marchèrent jusqu'à atteindre une boulangerie, où Artémis fit une pause avant de lui tendre la laisse. Il sourit.

- Je m'en occupe. S'ils ont quelque chose au poulet, je veux bien.

C'était l'un des aliments humains les plus simples à manger, donc autant ne pas prendre de risque côté nourriture. S'il voulait passer une bonne journée, auant éviter de la gâcher en l'inquiétait sur ce qu'il mangeait.

En attendant qu'Artémis revienne, il se pencha vers Thémis. Il ne l'avait pas vue depuis longtemps, elle avait terriblement grandi. Il sourit en lui gratouillant les oreilles.

- T'es bien en forme, toi. On va courir partout ensemble cet après-midi ?

Va comme elle frétillait de la queue, l'idée semblait la ravir. Il n'avait pas le talent d'Artémis pour parler aux animaux, mais s'il s'en sortait avec Thémis, ça lui suffisait.

Je lui expliquais où j'habitais. Ce n'était pas très loin d'ici et, à vrai dire, le chemin qu'on empruntait était dans cette direction. Je pourrai lui montrais rapidement en passant. Mais là, il faisait beau, je préférai rester dehors. Et j'avais envie de me balader avec lui. S'il voulait visiter, il viendrait et je l'inviterai à entrer avec plaisir. Mais je lui laisserai le temps qu'il veut pour ça. Et puis, il ne connaissait pas spécialement Ayane. Je pourrais peut-être les présenter. Je me demandai s'ils pouvaient s'entendre, ils avaient l'air d'être aux antipodes l'un de l'autre. Mais parfois, ça n'empêchait pas les gens de s'apprécier. On verrait le moment voulu.

"Je te remercie. Ca me touche que tu crois en moi comme ça."

Je lui souris. Raphaël avait toujours eu ce discours quand je parlais de mon envie de devenir vétérinaire. Il m'avait beaucoup soutenu et c'était un soutien qui me tenait à cœur. Alors voir qu'il m'encourageait encore alors que ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas vus, ça me faisait chaud au cœur. Une petite moue triste passa sur mon visage. Je posai un instant ma main sur son épaule.

"Je suis désolée... Mais ne perds pas espoir. Je suis certaine que tu vas y arriver. Je crois en toi."

Et même si je ne savais pas de quoi il en retournait, je voulais qu'il sache que j'étais derrière lui et que, moi aussi, je le soutenais. Il passait tellement de temps là-dessus, j'espérais qu'il trouve bientôt ce qu'il cherchait. Je n'aimais pas le savoir enfermé comme ça, hermétique aux autres. Mais il était toujours resté évasif sur tout ça alors je n'avais pas insisté, même si je brûlais d'envie de savoir.

Il prit la laisse de Thémis avec plaisir et je rentrai dans la boulangerie. Je regardai rapidement la vitrine avant de trouver ce que je cherchais. Je pris deux sandwichs au poulet avant de me rediriger vers la sortie. Je m'arrêtai un instant devant la porte. Raphaël était en train de caresser Thémis, le sourire aux lèvres. Un sourire s'invita aussi sur mon visage en observant la scène. Je me souvenais quand on jouait ensemble avant, quand on était petit. Il avait ce même sourire que j'aimais tant. Il semblait heureux et j'étais contente de le voir comme ça aujourd'hui. Ca me manquait.

Je sortis finalement de la boulangerie avant de me diriger vers eux.

"Est-ce que tu veux que je te montre le parc près de chez moi ? On pourra s'installer sur un banc pour manger si tu veux. Et Thémis pourra se dégourdir les pattes non loin de nous."

Ne pas perdre espoir… Oui, elle avait raison. Il n'y avait aucune raison qu'il n'y arrive pas. À moins que… non. Ce n'était pas le moment d'envisager des scénarios catastrophes. Il était persuadé qu'il l'aurait senti si son âme-sœur avait disparu de ce monde pour rejoindre celui des immortels avec un Arnaqueur. Il devait bien y avoir un sentiment, un signe, quelque chose qui indique qu'il était vain de chercher et que ce serait ainsi pour l'éternité. Pour l'instant, il n'avait donc aucune raison de le penser. À part son découragement chronique, il ne ressentait rien de tel.
En attendant, eh bien, sa présence dans ce monde lui permettait de passer du temps avec Artémis, ce qui n'était pas si mal.

Pour l'instant, c'était surtout Thémis qui lui tenait compagnie le temps que sa maîtresse parte acheter de quoi manger à la boulangerie. Il lui faudrait un moment pour s'habituer au fait qu'elle ait autant grandi depuis la dernière fois qu'il l'avait vue. Il savait que les animaux grandissaient vite, mais ça lui faisait quand même brusquement prendre conscience du temps qui s'était écoulé. Il était vraiment déconnecté, hein… Mais bon, est-ce que les animaux avaient une notion du temps, eux ? Parce que Thémis ne semblait ni surprise de le voir, ni fâchée que ça fasse un moment. Au contraire, elle était juste heureuse et il ne pouvait s'empêcher de lui sourire.

- Est-ce que tu veux que je te montre le parc près de chez moi ? On pourra s'installer sur un banc pour manger si tu veux. Et Thémis pourra se dégourdir les pattes non loin de nous.

Raphaël releva la tête, se détachant de sa concentration absolue sur sa compagne canine – ce qui lui attira un petit couinement indigné de sa part. Il lui caressa doucement la tête pour la consoler.

- Oui, ça sera plus agréable que de manger dans la rue. Et elle a l'air de vouloir courir.

Courir partout, pour reprendre les mots qu'il avait utilisés pour transformer la chienne en pile électrique. Clairement, l'idée de se dépenser semblait être aussi efficace qu'une friandise pour la rendre heureuse.

- On y va ?

Il la suivit jusqu'au fameux parc, non sans noter mentalement la route au cas où. Elle avait dit que c'était près de chez elle, autant mémoriser le chemin.

La boulangerie était une excuse pour le faire manger un peu. Je savais qu'il était du genre à oublier simplement parce qu'il était occupé ou trop pris par ses recherches. Le but de cette balade était bien sûr de passer du temps avec lui mais aussi lui permettre de se détendre et de penser à autre chose. Et par la même occasion, de penser à manger. Même s'il se cachait derrière ses vêtements amples, je savais qu'il n'était pas épais. J'avais déjà vu ses habits se soulever quand il s'étirait, et donc ce qu'il y avait derrière. Je savais aussi que ce n'était pas mes affaires, mais je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter pour lui. Malgré la distance et les fois où nous nous étions éloignés, il restait un de mes amis les plus proches. Un ami que j'avais aimé et auquel je tenais énormément. Et je ne voulais pas qu'il lui arrive quoi que ce soit.

Je lui proposai ensuite de lui montrer le parc près de chez moi. Il faisait beau et le parc était vraiment magnifique avec les rayons du soleil qui éclairaient le paysage coloré de l'automne. Ca me donnait aussi une excuse pour lui montrer où il pouvait me trouver s'il voulait me voir, et mon appartement si un jour il voulait venir. Je savais qu'il n'aimait pas trop sortir de chez lui. Mais j'avais l'espoir que si c'était pour venir me rendre visite, il le ferait. Même si ne plus le voir ces derniers temps avec mon déménagement m'avait un peu fait perdre espoir de pouvoir retrouver mon ami à nouveau. La distance, les cours... Mais tout ça n'était que des excuses. Quand on tenait à quelqu'un, on devait faire l'effort de prendre de ses nouvelles. Je ne l'avais pas fait, et je m'en voulais.

"Oui, allons-y."

Je le guidai vers le parc qui n'était, au final, pas très loin de la boulangerie. Je trouvai rapidement un banc où m'asseoir.

"Tu peux lui enlever sa laisse, il n'y a pas grand monde, ça lui permettra de se défouler un peu. Je crois qu'elle en meurt d'envie."

Je ris en la voyant sauter partout. Elle savait très bien ce que j'avais demandé à Raphaël. Je l'observai quelques instants alors qu'elle gambadait autour de nous. Je tendis ensuite son sandwich à mon ami.

"Je suis désolée de ne pas avoir pris de tes nouvelles plus tôt. Je ferai en sorte de ne plus laisser autant de temps s'écouler sans qu'on se voit. Si tu veux bien me voir, bien sûr."

Je ponctuai ma phrase d'un petit sourire taquin. Je n'étais pas non plus du genre à m'imposer. Donc s'il ne voulait pas, je ne viendrai pas. Mais j'imaginais que s'il avait accepté de sortir aujourd'hui, c'était qu'il était tout de même content de nous voir.

Le parc n'était pas très loin de la boulangerie à laquelle Artémis s'était arrêtée pour acheter des sandwichs. Elle habitait donc si près de chez lui ? C'était triste qu'ils se soient perdus de vue alors qu'il n'y avait que peu de route à faire pour se rendre visite. Il était grandement responsable, vu qu'il avait occulté tout ce et tous ceux qui ne faisaient pas partie de ses recherches.

Écoutant le conseil de son amie, il détacha la laisse du collier de Thémis et la laissa courir librement autour d'eux. Elle semblait avoir vraiment besoin de se défouler. C'était sans doute le fait de se retrouver avec eux deux comme quand elle était petite.

- Ne t'inquiète pas. Je n'ai pas été très... présent non plus.

Et encore, c'était un euphémisme. Il ne pouvait pas en vouloir à Artémis de ne pas avoir pris de ses nouvelles alors qu'il ne l'avait absolument pas fait de son côté. À vrai dire, il ne lui trouvait même pas un petit pourcentage de responsabilité. Elle n'y était pour rien.

- Bien sûr que je veux te voir.

Ils se connaissaient depuis longtemps, ils étaient aussi amis depuis longtemps. Il n'avait aucune envie de perdre le contact avec elle alors qu'elle avait fait tout ce chemin pour venir chez lui et le retrouver.
Il observa un instant Thémis du coin de l'œil avant de soupirer. Parfois, il les enviait un peu. Être humain, être normal, ne pas être pris dans cette guerre entre les immortels et les Scientifiques, entre les Inséparables et les Arnaqueurs, ne pas avoir à se soucier des Antagonistes, des réincarnations, de ses vies précédentes. C'était tellement plus simple que sa vie.
Mais le monde des immortels en valait la peine.

- Je suis désolé. J'étais tellement pris dans mes recherches que j'ai perdu la notion du temps.

Il s'était écoulé combien de temps depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus ? Il n'en avait pas la moindre idée. Dire qu'il avait perdu la notion du temps, à ce stade, tenait presque du mensonge tant c'était éloigné de la réalité. Il s'était complètement déconnecté du monde. Rien d'étonnant à ce que tout le monde se soit inquiété. Ils ignoraient qu'il était immortel, comment auraient-ils pu ne pas se faire de souci en voyant qu'il ne sortait de sa chambre que pour prendre des douches ou ingurgiter sa dose de sucre, de sel et de café ?

Le chemin n'était pas long jusqu'au parc, ni jusqu'à chez moi d'ailleurs. J'avais cette chance d'avoir pas mal de commerces à proximité et de pouvoir encore me rendre chez mes parents à pied, ou éventuellement en bus si le temps ne me permettait pas de marcher. Je n'étais donc pas loin de chez Raphaël non plus. Mais la quantité de travail et ses recherches, qui semblaient très prenantes, avaient joué contre nous. Et même si je ne savais pas sur quoi portaient ses recherches, je savais que c'était très important pour lui et je respectais ça.

Thémis semblait bien loin de nos petits problèmes d'adultes. Elle, tout ce qu'elle voulait, c'était gambader et jouer. Elle était si heureuse et si insouciante. La petite chienne était une de mes sources de joie de vivre. Quand je n'allais pas bien, elle le sentait et me faisait aussitôt sentir qu'elle était là. Sa présence m'apaisait et la voir ou la caresser me redonnait toujours le sourire. Rien que de la voir courir autour de nous, un sourire grandissait déjà sur mon visage.

Assis sur le banc, nous pouvions profiter du soleil tout en mangeant. Et je me rendais compte que j'avais une petite faim et que nous avions bien fait de passer à la boulangerie.

"Bien sûr que je veux te voir.

- Tu m'en vois ravie."

J'avais senti mes joues chauffer légèrement. Il avait dit ça en étant si sûr de lui. Je n'avais jamais perdu mon ami, il était toujours là. Oui, nous nous étions perdus de vue, mais, au final, c'est comme si le temps perdu se rattrapait avec ce petit moment. Je ne pus m'empêcher de me demander si mes sentiments d'adolescentes étaient toujours les mêmes. Les années avaient passées et nous étions de jeunes adultes maintenant. Qu'est-ce que je ressentais pour lui à présent ? Il me faudrait quelques temps avec lui pour démêler tout ça.

"Ce n'est pas grave, ne t'en fais pas. On était tous les deux très pris. On le sait à présent et on prendra des nouvelles de l'autre. On devrait presque se faire des visites rituelles, comme ça, on sera sûr de voir l'autre !"

Un petit rire m'échappa. C'était peut-être une idée farfelue mais ça pouvait nous permettre de nous voir tous les mois par exemple. En fonction des emplois du temps de chacun. Thémis en profita pour revenir près de nous pour quémander des câlins et potentiellement de la nourriture.

"Coquine, je te vois venir. Mais non, pas de pain pour toi, tu le sais. Tiens, je t'ai pris des friandises."

Après l'avoir fait un peu travailler, je lui donnais quelques récompenses.

"Tu veux lui en donner ?"

Je savais que Raphaël était aussi très attachée à la petite chienne. Alors si ça lui faisait plaisir de s'en occuper et de jouer avec elle, je lui laisserai la place sans problème. Tout ce que je voulais, c'était qu'ils soient heureux et que tout se passe bien.