La douce chaleur qui s’était installée entre eux ne semblait pas vouloir partir. A dire vrai, elle avait même plutôt tendance à s’intensifier à mesure que leurs bouches se provoquaient, de moins en moins timidement. Leurs mains également, qui semblaient tout vouloir mettre en œuvre pour qu’aucune échappatoire ne leur soit plus possible. Leur deux corps s’apprivoisaient, avec un naturel déconcertant quand on tenait compte du fait que quelques heures plus tôt, aucun d’eux n’envisageait l’autre autrement que sous un angle purement amical.

Nathan était aux anges, et pour une fois, son cerveau d’habitude si prompt à vouloir tout penser, tout anticiper, tout envisager, avait accepté une soirée de repos. Son cœur avait pris le relais, et le rythme de ses battements indiquaient que l’expérience se passait plutôt bien. Il avait envie de sentir Zoé tout contre lui. De s’aventurer sur ce chemin inattendu avec elle, main dans la main, et d’y découvrir les surprises qui les y attendraient. Après tout, tant qu’ils étaient tous les deux, ils étaient invincibles, non ?

Le souffle court, l’écrivain esquissa brièvement, et un peu malgré lui une très légère moue de désapprobation lorsqu’elle finit par interrompre leur baiser. Il se reprit, sentant que quelque chose la travaillait, et que malgré son envie manifeste de prolonger leur étreinte, elle ne pouvait plus l'ignorer. Et par conséquent, lui non plus. Ils avaient beau être en plein milieu d'une évolution fulgurante de leur relation, il était hors de question pour lui d'en oublier les bases. Et quand sa petite coloc était troublée, il mettait un point d'honneur à voler à son secours. Sa question fit écho avec sa propre réflexion, et elle était plus que légitime. Mais la façon hésitante avec laquelle Zoé l'énonça lui arracha un sourire plein d'affection.

Ses mains relachèrent leur douce emprise sur sa partenaire, un peu à regret tant il aimait sentir l'enchevêtrement de ses petits doigts mêlés aux siens. Mais c'était pour mieux l'envelopper entièrement dans ses bras,dans une étreinte qui se voulait chaleureuse et rassurante.

- Tu sais Zoé, ça va faire … presque un an déjà ? Wow … Presque un an, donc, que je suis dans ce qui est potentiellement la relation la plus saine que j'aie jamais connu de ma vie. J'ai rencontré une petite nana pleine de vie, d'humour, de doutes aussi, de tendresse … Et ensemble, on a appris à se connaître, à s'apprivoiser, à se soutenir dans les moments difficiles … Et tout ça, sans même avoir l'idée une seule seconde que ça pourrait devenir plus …

Il approcha à nouveau son visage du sien, pour effleurer le bout de son petit nez du sien dans une caresse affectueuse.

- Il faudrait vraiment être malade pour avoir envie de changer quoi que ce soit à tout ça, non ? Alors qu'on peut tout simplement y ajouter un peu de … de ça …

Sa voix s'était muée en un souffle, alors que ses lèvres s'étaient approchées du creux du cou de Zoé. Il huma un peu le parfum qui en émanait, avant d'y déposer un baiser tendre.

- … Ou de ça …

Sa bouche remontait lentement vers son oreille, effleurant sa peau, déposant une nouvelle marque d'affection non loin de sa joue.

- Même si j'avoue avoir une petite préférence pour …

Et il alla de nouveau quérir ses lèvres, les yeux clos, pour à nouveau s'enivrer de la douce sensation d'embrasser celle qu'il aimait. Qu'il aimait ? Evidemment qu'il l'aimait. Comment aurait-il pu en être autrement ? Il l'avait aimé, quoique d'une manière différente, à la seconde où il avait posé ses valises chez elle, chez eux. La seule différence aujourd'hui, c'est qu'il l'aimait encore plus. Il recula d'un millimètre, à peine, juste de quoi lui permettre de murmurer dans un souffle :

- Ca … Tu vois ? Aucune raison de s'inquiéter, finalement, non ?

Elle savait que la question ne se posait pas vraiment. Il était plus qu'évident qu'il n'avait pas changé, qu'il avait toujours la même douceur, la même considération, qu'il était toujours le même. Mais à force de vivre dans un monde d'illusions et de faux-semblants avait eu ce petit effet secondaire de la faire douter malgré elle, surtout quand elle avait la sensation de nager dans le bonheur. De toute façon, c'était Nathan. Elle savait qu'il trouverait le moyen de dissiper ses doutes sans le moindre effort.

Déjà, son étreinte en fit fondre une bonne partie et elle se lova dans ses bras sans hésitation, sourire aux lèvres. Elle s'était toujours sentie bien dans ses bras. Et ses mots avaient le même effet. Réconfortants et plein d'une douce sincérité qui lui réchauffa le cœur et colora ses joues d'un rose teinté d'émotion. C'était tellement naturel, tellement honnête, tellement... lui.

Un petit frisson glissa sur sa peau quand il vint poser ses lèvres dans son cou, sans la fébrilité de Zzin, mais avec l'ampleur de son affection dans ses mots et dans ses gestes. C'était doux et en même temps... indescriptible. Tout ce que trois petits baisers dans son cou, sur sa joue, sa bouche, à peine entrecoupés de quelques mots, pouvaient exprimer. Ses petites peurs s'effilochèrent, privées d'emprises, et elle sourit, rougissant toujours de la chaleur rassurante apportée par ces dernières secondes.

Il lui fallut un petit instant pour réussir à formuler quelque chose par-dessus les battements de son cœur, qui ne semblait pas se formaliser de devoir changer de rythme en permanence.

- Tu es vraiment...

Elle s'interrompit avec un petit rire ému, trop impatient de franchir ses lèvres pour la laisser finir sa phrase.

- Tu as un don, tu sais ça ? Comment tu fais, pour toujours savoir quoi dire et quoi faire pour dissiper tous mes doutes ?

Elle sourit, remonta la main le long de sa joue pour venir la perdre dans ses cheveux, jouer un peu avec les mèches qui lui chatouillaient les doigts.

- Merci... D'être toujours là pour moi, et d'être toujours aussi... vrai. T'imagines même pas à quel point ça fait du bien de ressentir autant de sincérité quand tu parles. Ça fait partie des raisons pour lesquelles je t'aime autant.

Il y en avait beaucoup d'autres, mais savoir qu'elle pouvait croire sur parole et ressentir pleinement tout ce qu'il disait sans se poser de question avait toujours été un pilier central de leur relation. Parce qu'elle pouvait se permettre d'être elle-même, entièrement, encore plus maintenant que le principal secret entre eux s'était effacé.

Remise de ce petit trouble émotionnel passager, elle retrouva la petite lueur de malice dans son regard avant de venir effleurer sa lèvre du bout du pouce.

- Et donc... c'était quoi ta préférence, déjà ?

Est-ce que c'était une manière détournée et à peine subtile de lui dire "embrasse-moi encore" ? Oui, totalement. Il n'avait qu'à pas le faire aussi bien.

Même si ça ne s’était jamais produit dans des circonstances aussi intimistes, ca n’était pas la première fois qu’il devait rassurer une Zoé en proie aux doutes, à la nervosité, ou même aux larmes. Au vu de son entourage de l’époque, il avait vite compris que c’était à lui que lui reviendrait la mission non seulement de la consoler, mais aussi de lui faire prendre la pleine conscience de la personne incroyable qu’elle était, et de lui faire peu à peu abandonner cette carapace devenue si lourde à porter pour quelqu’un d’aussi tendre. « Tu es trop pure pour ce monde, Zoé Lee … » lui avait-il dit une fois, avant d’ajouter presque immédiatement « … Mais ne t’avise jamais de changer. Tu es parfaite comme ça. ».

Le regard qu’elle lui avait rendu, plein d’une gratitude dont la sincérité aurait pu lui tirer une larme, il le retrouvait un peu aujourd’hui, lorsqu’il lui réaffirmait qu’ils ne perdraient pas une miette de ce qu’ils avaient déjà tous les deux. Et ça venait le cueillir exactement de la même manière : droit au cœur.

- J’ai pas de mérite … J’ai juste un besoin viscéral de te voir sourire. Et beaucoup de bagout.

Il laissa ses doigts s’immiscer dans ses cheveux, un geste qu’elle avait l’habitude de faire quand elle voulait lui montrer sa gratitude implicitement. Sauf que cette fois-ci, elle joignit la parole au geste. Et ses remerciements, sans artifice autre que la chaleur de sa voix, firent battre son cœur un peu plus fort. Il avait beau savoir en son for intérieur ce qu’il représentait pour elle, entendre Zoé le lui dire, là, dans l’intimité de leur première nuit à deux, avait quelque chose d’exaltant, et pour tout dire, de profondément touchant. Si les yeux bleus de Nathan brillaient sensiblement plus à cet instant, elle n’y était définitivement pas étrangère.

- Merci … De me dire tout ça. Je sais que tu le sais mais … Ca compte énormément pour moi, de savoir que j’ai quelqu’un avec qui je peux me livrer autant … sans avoir peur. Et si ça a pu contribuer même un tout petit peu à ce que tu réalises que toi non plus tu n’avais pas à avoir peur d’être … l’incroyable personne que tu es, Zoé … je crois que ca fait de moi le plus heureux des hommes en ce moment.

Plus que tout le reste, ce moment resterait gravé dans sa mémoire. Le moment où ils avaient à nouveau fait tomber les masques sur ce qui les liaient l’un à l’autre. Il aurait pu savourer l’instant encore des heures, mais il remarqua bien vite l’éclat mutin réapparaître dans les iris azur de Zoé. Il laissa échapper un bref éclat de rire alors qu’elle venait à nouveau l’aguicher. Pour toute réponse, il la fit alors basculer sur le dos, se retrouvant du même coup au-dessus d’elle. Et avec un regard qui n’était pas sans évoquer celui de son alter-ego, il lâcha dans un souffle :

- C’est toi, ma préférence, mon cœur.

Et sans la faire languir plus longtemps, il s’empara à nouveau de ses lèvres, la douceur cédant assez rapidement sa place à un baiser plus passionné que jamais, tandis que sa main s’empara doucement de sa taille. Si il n’avait pas eu besoin de lui dire qu’il l’aimait, il allait tout de même s’assurer qu’elle n’en doute pas une seconde.

Qu'aurait-elle pu demander de plus ? Non content de trouver les mots parfaits pour la rassurer, il les prouvait dans la seconde. Bien sûr que ce qui les liait jusque-là n'allait pas disparaître. Ils avaient les mêmes gestes, les mêmes habitudes. Il la réconfortait comme il avait toujours su le faire, avec des petites notes en plus mais avant tout avec la même sincérité que quand il la consolait de ses déboires à l'université. Elle avait tellement eu besoin de ce cocon pour se sentir enfin acceptée quelque part. Et pour se sentir aimée, vraiment, sans avoir à jouer un rôle. Et savoir qu'elle avait un impact similaire sur lui lui réchauffait le cœur, aujourd'hui comme avant.

Même si elle n'avait pas pu s'empêcher de réclamer un nouveau baiser – de façon plus ou moins directe, mais réclamer quand même – son geste la prit par surprise et elle se sentit rougir à nouveau, les yeux relevés vers lui jusqu'aux mots qui firent trembloter son cœur et au baiser qui le fit chavirer.
Non, définitivement, elle ne se lasserait jamais de l'embrasser.

La peau couverte de frissons, elle vint naturellement enrouler ses bras autour de sa nuque, puis remonter une main dans ses cheveux. Pour le retenir, le garder près d'elle, l'inciter à continuer ; un peu les trois à la fois. Leurs lèvres ne se séparaient que pour se retrouver une fraction de secondes plus tard. Elle n'avait aucune envie de le lâcher. Elle resserra presque imperceptiblement sa prise à l'arrière de sa tête quand il la tint par la taille. Son autre main glissa le long de sa nuque, derrière son épaule, contre son torse, contre sa joue ; sans savoir où se poser, ou sans vouloir le faire.

Elle se laissait porter par la chaleur qui pulsait dans sa poitrine, par la passion dans ses gestes – leurs gestes. Grisée par les sensations ; assez lucide pour savoir quelles limites l'intensité ne franchirait pas. Pas ce soir, en tout cas.

Elle ne recula son visage que quelques secondes, sans le lâcher, sans desserrer la main dans ses cheveux, sans bouger autre chose que la courte distance nécessaire pour essayer de reprendre son souffle. Et même ça, c'était déjà trop. Trop loin, trop longtemps. Elle revint s'emparer des ses lèvres sans attendre d'avoir retrouvé une respiration normale, étouffant une soupir dans leur baiser.
Si ses bras étaient confortables, ses lèvres étaient addictives. Ça aurait pu être un problème si ça n'était pas aussi agréable et aussi naturel de les garder pour elle.

Comme beaucoup de leurs actions ce soir, pour ne pas dire toutes, le soudain élan de fougue de Nathan n'avait strictement rien eu de prémédité. Il n'était que la conséquence directe du flot d'émotions qui avait lentement mais sûrement pris de l'ampleur en lui depuis leur premier baiser sous la voûte étoilée du ciel parisien. Que leur alchimie sentimentale soit aussi forte, ça n'avait somme toute rien de surprenant en y repensant. Ils se connaissaient déjà par cœur, et même en tant que simples amis, leur complicité affichée avait déjà suscité des petites remarques taquines dans leur cercle de connaissances communes.

En revanche, oser franchir l'étape d'une intimité plus physique, oublier ces barrières dont l'existence ne nous était même pas connue, n'avait rien d'évident. En tout cas, en théorie. Car si il devait en juger par l’aplomb avec lequel il l'étreignait en ce moment, ou la sensualité dont elle faisait preuve pour y répondre, tout semblait indiquer que leurs corps s'accordaient à merveille eux aussi. Nathan savourait chacun de ses baisers, chacune des tentatives de Zoé de le capturer sous ses doigts, comme autant de signes que la direction qu'ils avaient choisi de prendre était celle qui leur était destinée depuis le début. Ils s'appartenaient, enfin.

La chaleur lui chauffait les tempes tandis que leurs lèvres ne voulaient pas s'abandonner. Quand l'un s'interrompait ne serait-ce qu'une seconde pour souffler, c'était l'autre qui venait le rechercher, avide de ce contact si grisant qui remplaçait peu à peu leur oxygène. La main de Nathan posée sur la taille de Zoé restait sage, même si elle lui arrivait parfois de resserrer imperceptiblement sa douce étreinte quand l'actrice se faisait plus aventureuse. Il n'avait pas envie de griller les étapes, au contraire : la découvrir sous ce jour nouveau allait probablement être une aventure où ils se délecteraient tous les deux de chaque nouveau jalon franchi ensembles. Mais force était de constater que même aux jeunes heures de leur relation, l'absence de désir mutuel ne compterait pas parmi d'éventuels problèmes.

Le souffle court, il finit par profiter d'une trêve éclair pour glisser quelques mots au creux de l'oreille dissimulée dans la blondeur soyeuse de Zoé, son nez effleurant au passage la joue délicieusement empourprée de la jeune fille.

-  Tu peux me rappeler … Pourquoi on a jamais fait ça avant déjà ?

Il se laissa aller à un petit rire fortement influencé par l'euphorie qui les animait tous les deux, avant d'aller à nouveau nicher sa bouche tout contre la peau tremblante de son cou. Il pouvait y sentir les pulsations asynchrones de son cœur, et y déposa plusieurs baisers comme s' il voulait les apaiser.

- C'est comme si … c'était tout ce qu'on avait toujours attendu … Non ?

Leur proximité s'était transformée aussi facilement ce soir qu'elle s'était installée pendant leur colocation. C'était simple, instinctif, comme si ces sentiments étaient là depuis toujours. Ou comme si elle n'attendait que ça sans l'avoir réalisé. En tout cas, elle ne se sentait pas prête à le lâcher ni à arrêter de le toucher, de l'embrasser, de l'avoir dans ses bras et de pouvoir se lover dans les siens…

Addiction ou pas, ils s'accorda un instant pour reprendre son souffle. Elle eut un discret rire de pure joie quand il vint chatouiller sa joue du bout du nez. C'était une bonne question, ça. Pourquoi n'avaient-ils jamais fait ça avant ? Finalement, c'était la même question qui revenait en boucle depuis ce premier baiser échangé sur le toit. Comment avaient-il pu mettre autant de temps à sen apercevoir ?

Elle n'avait pas de réponse à donner, à part un sourire, reflet parfait de celui qu'il afficha avant de venir nicher son visage dans son cou. Ses petits baisers lui tirèrent un frisson agréable et elle rit de nouveau, profondément heureuse.

- Dire qu'il nous a fallu un masque pour nous rendre compte de tout ça…

Elle lui releva doucement le visage pour lui caresser la joue et repousser en arrière les cheveux qui lui tombaient devant les yeux. Il leur avait fallu un masque pour se rendre compte qu'ils s'aimaient à ce point, et il lui avait fallu un masque pour comprendre à quel point il était facile de se perdre dans le bleu de ses prunelles.

- Est-ce que tu m'as toujours regardée comme ça ? Ou c'est nouveau cette petite lueur de fascination ?

Un petit sourire taquin se dessina sur ses lèvres et elle vint l'accompagner d'un bisou déposé sur sa joue. Quoi qu'ils fassent, elle avait l'impression que tout se passerait à merveille et qu'elle passerait la meilleure soirée de sa vie – ou la première d'une longue série, plus vraisemblablement.

Les paroles de Zoé semblaient lui parvenir de loin tant l'atmosphère capiteuse de la chambre les enveloppait. Mais lorsque sa main vint à nouveau chercher son visage pour que leurs yeux se retrouvent, il fut une fois de plus saisi par la beauté éclatante de son sourire, que rien ne semblait vouloir ternir. Les masques … Ca avait été l'histoire de leur relation, avant même qu'ils ne croisent la route d'un Gardien. Elle portait le sien le jour de leur rencontre, un masque qui était devenu beaucoup trop lourd pour elle, celui d'une peste hautaine et froide qu'elle n'avait jamais été. Lui ? Celui d'un mec cool que rien ne semblait déphaser alors qu'il vivait une des périodes les plus chaotiques de sa vie et qu'il était à deux doigts de vriller.

La chute de ces premiers masques avait marqué un tournant dans leur relation, renforçant leur affection et la confiance qu'ils avaient l'un envers l'autre. Quant à ceux de leurs alter-egos, ils étaient le dernier obstacle qui les séparaient de … ça. Une félicité absolue entre deux cœurs si harmonieusement assortis.

Sa question vint le cueillir, posée comme souvent avec un petit ton mutin qui avait déjà le don de le faire craquer, comme si c'était nécessaire à ce stade.

- Je ne sais pas si on te l'a déjà dit, Zoé Lee, mais quand tu es heureuse, ce qui émane de toi, de ton sourire c'est … magique. Et je ne veux pas trop m'avancer mais …

Avec un sourire tendre, il vint à nouveau poser sa main affectueusement sur sa joue, qu'il effleura de son pouce.

- … Je te sens particulièrement heureuse en ce moment. Alors comment veux tu que je détourne mon regard du petit soleil qui te fait office de bouille ? T'es juste …

Il secoua la tête, comme si il n'en revenait pas d'avoir à dire cela à voix haute, mais lorsqu'il la regarda à nouveau, les yeux de Nathan brillaient sensiblement plus que la seconde d'avant.

- Je sais que tu le sais … Mais je t'aime, Zoé. Je t'aime, c'est tout.

Et voila. Bas les masques, définitivement.

Dire que leur amitié avait commencé sur si peu de choses. Qu'elle aurait pu mourir dans l'œuf rien qu'à leur première conversation, tant le masque qu'elle portait à l'époque prévalait sur le reste – sur elle-même, sur les autres, étouffant la peine et la culpabilité que lui évoquaient les visages tristes qu'elle laissait derrière elle. Ce jour-là, s'il avait décidé de partir, si elle n'était pas remontée à son étage à ce moment-là, si elle n'avait pas murmuré ces excuses, tout aurait été tellement différent… C'était une période sombre de sa vie et elle en était sortie en partie grâce à lui.
Et maintenant, il pouvait dire qu'elle était heureuse avec la même sincérité qui caractérisait leurs conversations et elle n'aurait pas pu le contredire.

Par contre, il avait vraiment une capacité impressionnante à être juste… adorable. Son sourire, sa façon de lui répondre, ses petites affections purement naturelles. Comment aurait-elle pu ne pas craquer ? Elle sourit à nouveau – à supposer qu'elle ait un seul instant arrêté de le faire – et vint effleurer du bout des doigts la main posée contre sa joue.

- Bien sûr que je suis heureuse. Figure-toi qu'il y a quelqu'un dans cette pièce qui s'en assure à chaque fois qu'il fait un geste ou prononce un mot.

Un mot… ou trois. Des mots qu'ils avaient souvent échangés dans le cadre de leur amitié ; des mots qui changeaient totalement de sens à cet instant. Elle sentit ses joues reprendre les teintes qui ne les avaient quittées qu'un instant plus tôt et le premier geste qu'elle fit pour ouvrir la bouche la laissa muette, les yeux étincelants, le coin des lèvres étiré en un sourire dont elle avait à peine conscience. Elle retrouva la parole en serrant sa main dans la sienne, s'accrochant à ce fragment de réalité alors que le reste flottait dans un état d'euphorie plus proche du rêve.

- Moi aussi, je t'aime. Vraiment.

Elle aurait pu ajouter quelque chose. Une partie d'elle lui soufflait d'expliciter, d'insister, mais elle l'ignora. Je t'aime, c'est tout. Parce qu'il n'y avait besoin de rien de plus pour parfaitement comprendre ce qui les animait. Parce qu'ils n'étaient pas dans un film et n'avaient pas besoin de longs dialogues pour tout exprimer. Juste de quelques mots qui portaient toutes les émotions sans aide. Ils suffisaient. En prononcer d'autres aurait… changé leur valeur, transformé la simplicité de l'instant…

La seule chose qui manquait, peut-être… Elle l'attira doucement vers elle pour l'embrasser à nouveau, un baiser aussi tendre que le sourire qu'il lui avait adressé quelques instants plus tôt.
C'était parfait comme ça. Ils étaient parfaits comme ça, proches comme ils l'avaient toujours été et comme ils ne l'avaient jamais été. Juste eux. Ensemble.