J'étais contente qu'il accepte que l'on discute au moins via nos ordinateurs. J'avais l'impression de retrouver mon ami, petit à petit. S'il n'avait pas voulu qu'on se rapproche à nouveau, il ne viendrait pas avec moi chercher Thémis, et il refuserait que l'on discute. Ou alors c'était juste de la politesse ? Non, j'avais espoir qu'il souhaite tout comme moi retrouver notre amitié perdue.

"Je ne sais pas... Tu as l'air un peu différent.  Mais si tout va bien, tant mieux."

Je souris. J'avais peur qu'une chose grave ait bouleversé sa vie. Mais il semblait juste avoir changé de style, d'après ses dires. Est-ce que je devrais quand même m'inquiéter ? Est-ce qu'il me dit toute la vérité ? Et en même temps, qui j'étais pour être curieuse comme ça ? Personne pour le moment. Il n'a pas vraiment de raisons de se confier à moi. On n'est plus aussi proche qu'avant. Je baissais la tête, en continuant d'avancer, en me rendant compte que le chemin est encore compliqué pour le retrouver. Il ne me laissera pas l'aider aussi facilement.

Il sembla réfléchir à ma question. Elle était si difficile que ça ? Pourtant, c'était simplement de la pure curiosité. Il avait un style différent. Il portait tellement de choses en plus d'avant. Etait-il devenu superstitieux ? Et cette capuche qu'il portait tout le temps dehors, c'est tellement dommage de ne pas montrer son visage. Moi, je le trouve mignon sans. J'agitais mes mains devant moi.

"Non pas du tout. Ca te va très bien, au contraire. Mais... c'est différent... d'avant. Je croyais juste que ça avait une autre signification pour toi. Mais tant que tu te sens bien, c'est tout ce qui compte."

Le style. Voilà bien une chose sur laquelle je m'interroge. Pour moi, il peut exister pleins de styles différents. Il suffit juste de trouver celui qui nous convient. Peu importe ce que les autres en pensent. Le regard des autres ne devrait pas nous influencer sur nos choix. Que ce soit vestimentaires ou autre d'ailleurs. J'ai beau être du genre gentille et discrète, je ne me laisserai pas dicter mes choix.

"Ne laisse personne te dicter quoi que ce soit. Personne n'a le droit de dire que quelque chose ne te va pas. Tout ce qui compte, c'est ton propre avis. Les autres, on s'en fiche."

Même mon avis ne devrait pas compter. Mon visage était sérieux. C'est quelque chose qui me tenait particulièrement à cœur. Je détestais voir des gens souffrir parce que telle ou telle personne soi-disant populaire avait dit qu'ils n'étaient pas "à la mode". Que ce soit la vraie raison de son changement ou non, j'espérais que ce n'était pas à cause de quelqu'un. Sinon j'irai bien dire ses quatre vérités à cette personne. Que les gens commencent par se regarder dans un miroir avant de critiquer les autres. Raphaël était très bien comme il était.

Je me passais rapidement une main sur le visage pour me reconcentrer. J'étais peut-être un peu trop perdue dans mes pensées. Je suis partie très loin là... Il aborda alors mon style à moi. Je fus surprise, lui qui n'accordait pas forcément d'importance à cela quand nous étions plus jeunes, voilà qu'il me faisait un compliment. Mes joues prirent une légère teinte rosée.

"Tu trouves ? Merci c'est gentil... J'ai préféré les laisser pousser. Je trouve qu'ils sont plus jolis comme ça..."

Pourquoi est-ce que je suis obligée de perdre mes moyens quand il me fait un compliment ? Voilà que je bégayais légèrement juste pour lui répondre. Je m'épuisais moi-même. Heureusement, l'arrivée chez le vétérinaire me permis de penser à autre chose. Je confiais alors Thémis à Raphaël le temps que je m'installe au bureau du vétérinaire pour m'occuper des papiers à remplir et en profiter pour poser quelques questions. Il m'aiguilla sur la nourriture à acheter et sur l'équipement dont j'aurai besoin : des jouets, une cage au début pour lui apprendre à attendre pour faire ses besoins dehors quand je ne suis pas à la maison, un tapis, de quoi enlever des tiques... A part la nourriture, tout pouvait être acheté au cours de la journée, ou demain avec mes parents. J'avais déjà le collier et la laisse pour la promener.

Alors que je me levais pour retourner auprès de Raphaël et de ma nouvelle amie, je la vis qui lui léchait les doigts, réclamant des caresses. Je souris avant de venir la gratouiller sous le menton.

"On dirait bien qu'elle t'adore. Tu vas être obligé de passer lui dire bonjour de temps en temps, sinon tu vas lui manquer."

Je profitais qu'il l'ait encore dans les bras pour venir accrocher le petit collier avec la médaille autour de son cou. Il ne nous restait qu'à régler deux ou trois choses avec la secrétaire et on pourrait rentrer. Je payais un petit sac de croquettes, pour pouvoir tenir avant d'acheter un gros sac directement. Il fallait que je teste si elle aimait bien. Alors que nous sortions du vétérinaire, je me tournais vers Raphaël.

"Tu veux rentrer tout de suite ? Ou tu veux qu'on fasse une petite balade avec Thémis ?"

Si on partait sur une balade, il faudrait la garder dans nos bras. Elle n'était pas encore prête à marcher. Mais au moins, elle pourrait déjà s'habituer à quelques bruits de la ville. Sinon, je ressortirai plus tard. J'étais déjà contente qu'il soit venu avec moi pour la chercher. Et elle aussi, vu comme elle le regardait.

Un peu différent... Oui, c'était peu de le dire. Depuis qu'il avait découvert ses pouvoirs, il avait forcément beaucoup changé. Bien entendu, il ne pouvait pas lui expliquer, alors il s'efforça autant que possible de dériver la conversation sur d'autres sujets. Ça restait désagréable - douloureux - de devoir lui cacher tout ce qui se passait autour de lui. Lui cacher pourquoi il était différent, ou la signification de tout ce qu'il portait. Elle était plus en sécurité s'il ne lui disait rien.

Alors oui, il s'en voulut un peu, mais il fut forcé de détourner le sujet, d'une façon pas franchement recommandable. Demander si ça ne lui plaisait pas ressemblait trop à de la manipulation pour qu'il soit à l'aise, donc il ne tarda pas à parler d'autre chose en déviant la conversation sur sa coiffure. Et puis il n'avait pas menti : elle était vraiment jolie comme ça.

- C'était une bonne idée.

Vint le moment de récupérer la petite chienne chez le vétérinaire. Raphaël ne se mêla pas trop de la conversation et retint l'attention de Thémis pendant que sa nouvelle maîtresse prenait toutes les instructions pour bien s'en occuper. Il sourit quand Artémis revint vers eux.

- Ne t'en fais pas, je t'ai dit que je passerai de temps en temps.

Il passa doucement une main dans les cheveux d'Artémis. Il avait déjà dit qu'il viendrait la voir, rendre visite à Thémis n'était qu'une autre raison de le faire. Il devait avant tout s'assurer qu'elle était à l'abri des scientifiques..

- On peut se promener un peu, ça lui fera du bien de prendre l'air. Et à nous aussi, tu as l'air un peu stressée.

Est-ce qu'elle était mal à l'aise en sa présence parce qu'il ne lui avait pas dit toute la vérité ? Il n'avait pas envie qu'elle lui en veuille... C'était compliqué de devoir cacher un tel secret, encore plus aux personnes à qui il tenait.

- Tu veux la porter ?

Thémis était jeune et pas très lourde, ça ne serait pas compliqué de la transporter directement dans ses bras.

Il n'était pas à l'aise avec cette conversation, je le sentais. Il changeait de sujet, évitait mon regard, et n'avait pas une voix aussi assurée que d'habitude. C'est peut-être un sujet sensible, quelque chose dont il ne veut pas parler. Et voilà que je l'interrogeais dessus... Je ne savais plus trop quoi penser. Est-ce que je devais creuser pour l'aider ? Ou est-ce que je devais le laisser tranquille ? Je choisis la deuxième option. Je ne voulais pas qu'il soit mal à l'aise en ma présence. Et si je continuais à le questionner, c'est clairement ce qu'il se passerait. Il dévia sur mon style à moi et ça me touchait qu'il me trouve jolie. Ah ils sont beaux les discours de "ne laisse personne te dicter ton style". Mais quand c'est le garçon qui te plait qui te complimente, tu ne sais plus quoi dire. Je me désespère moi-même. Moi qui n'accorde pas spécialement d'attention à l'avis des autres, le sien m'intéresse bien plus que ce que je pensais.

Heureusement, Thémis accapara mes pensées et me détourna de mes préoccupations ridicules d'ado amoureuse. Le temps d'un instant du moins. Parce qu'en retournant auprès d'eux, mon cœur s'emballa à nouveau. Sa confirmation qu'il viendrait me voir, son geste, sa main dans mes cheveux... A cet instant, je crois que je rêverai de me blottir dans ses bras. Mais c'est un geste bien trop intime et envahissant, on n'est pas assez proche pour ça. Je me contentais de sourire, comme je le faisais beaucoup ces dernières heures. Et il l'avait remarqué, forcément. Le rouge aux joues, ça ne passe pas inaperçu. Bravo Arté, allez sors toi de cette situation gênante.

"Stressée ? Hmm peut-être. Je dirais plutôt que je suis très contente d'avoir récupéré Thémis et ça me rend... Bon peut-être nerveuse. J'espère bien m'occuper d'elle et lui donner la meilleure vie possible."

C'était une bonne excuse, et pas totalement fausse. C'était la première fois que je m'occupais d'un animal qui m'appartenais. Je voulais encore mieux faire. Bien que Thémis ne soit pas la seule à me troubler.

"Oh oui, avec plaisir !"

Je rangeais rapidement le sac de croquettes dans mon sac à dos avant de tendre les bras pour récupérer la petite chienne. J'essayais de ne rien laisser paraître en sentant les mains de Raphaël contre les miennes, me concentrant sur la petite bouille toute excitée que je tenais à présent.

"Hello ma belle. On va se balader un peu ?"

J'aimais bien parler avec les animaux, je trouvais cela normal de communiquer avec eux. Non pas qu'ils comprenaient tout ce que je disais, mais entendre une voix douce et rassurante ne peut qu'apaiser. Je ris lorsqu'elle vint lécher le bout de mes doigts. Puis je me mis en route en direction du parc.

Tous les sujets dérangeants avaient été évités. Il n'avait pas trop eu à lui mentir, ni au contraire à lui dire la vérité. C'était mieux comme ça. Artémis était jeune, elle ne méritait pas d'être entraînée dans ses histoires, d'autant plus qu'il l'aimait bien et qu'il aurait détesté la mettre en danger. L'arrivée chez le vétérinaire et la certitude de pouvoir adopter la petite chienne avait achevé de chasser les nuages de leur conversation et tout allait pour le mieux. À part qu'elle avait l'air un peu mal à l'aise et qu'il n'arrivait pas à comprendre pourquoi.

Quand il lui posa la question, elle affirma qu'elle était nerveuse à l'idée de la responsabilité qui l'attendait. Oui, c'était logique, mais ça n'expliquait pas tout. Peut-être qu'il se faisait du souci pour rien, il avait juste peur que les Scientifiques essayent de mettre la main sur elle. Elle s'était quand même interrogée sur ses catalyseurs et ses bloqueurs de magie. Est-ce qu'ils étaient allés la voir pour lui révéler la vérité et lui dire de se méfier de lui ? Peut-être qu'elle n'avait plus confiance et qu'elle le voyait comme une menace à cause des choses qu'ils avaient pu lui mettre dans la tête. Pourtant, normalement, ils n'auraient pas dû pouvoir la suivre, encore moins la retrouver. Il avait tout fait pour être discret et passer inaperçu, comment auraient-ils pu savoir qu'Artémis le connaissait ? Non, il réfléchissait trop. Elle était sans doute vraiment juste nerveuse à l'idée d'adopter un animal.

- Je suis sûr que tu t'occuperas d'elle à merveille. Tu as toujours eu un don avec les animaux.

Il lui sourit gentiment avant de lui proposer de récupérer sa nouvelle compagne et de la porter dans ses bras le temps de leur promenade. Il fallait qu'elle se lie avec elle dès le début pour que tout se passe bien. Si la chienne se sentait en confiance dans une période où elle avait désespérément besoin de quelqu'un pour la protéger, elles deviendraient inséparables et Artémis n'aurait plus aucune raison d'être nerveuse ; elle pourrait retrouver sa joie de vivre habituelle. Simple et efficace. Avec la voix douce qu'elle employait pour s'adresser à elle, il ne doutait pas une seconde que ce lien se forgerait vite.

Une fois que tout fut en règle, ils quittèrent le vétérinaire ensemble pour marcher tranquillement vers le parc. Il était rassuré. Thémis n'avait pas été visée par les Scientifiques et sa maîtresse semblait aux anges à l'idée de passer du temps avec elle et de s'occuper d'elle. C'était... perturbant. À force de ne côtoyer quasiment que sa famille ou des gens à qui il n'adressait que quelques bribes de phrases, il avait un peu oublié ce que ça faisait de passer du temps avec des humains. Quand il la voyait comme ça, il ne pouvait s'empêcher d'avoir encore plus envie de la protéger et de lui épargner tout ce qui pouvait lui tomber dessus juste parce qu'elle le connaissait.
Pourtant, il n'avait pas envie de cesser de la voir non plus...

Les malentendus semblaient dissipés. Pourtant, j'avais toujours cette gêne, ce ressenti qu'au fond, il ne m'avait pas tout dit. Mais après tout, je ne pouvais pas le forcer à se confier à moi. Il préférait peut-être gérer ça seul, je pouvais le comprendre. Mais je ne comprenais pas pourquoi il ne me disait juste pas qu'il ne voulait pas en parler. Je me torturais l'esprit autant que lui. Il fallait que j'arrête ça ou ça nuirait à notre amitié, je le sentais. Ma curiosité est très forte, mais je vais mettre ça de côté pour le moment. Pour le bien de Thémis, le sien et le mien. Je veux qu'on termine bien cette journée. Qu'on se quitte le soir en ayant la certitude qu'on se reverrait bientôt. Je ne veux pas me fâcher avec Raphaël, je tiens trop à lui pour ça. Je ne veux pas tout gâcher à cause de ma curiosité.

"Je ferais de mon mieux, comme je l'ai toujours fait. Je veux qu'elle sente qu'elle est chez elle, que je suis sa nouvelle famille, que je m'occuperai d'elle et que je l'aimerai de tout mon cœur."

Oui, je donnerai tout mon amour à cette petite bouille et je ne la laisserai jamais tomber. Elle commençait déjà à m'avoir avec ses petits yeux tout mignons. Il va être dur de lui résister, je le sentais. Lorsque je la récupérais, je sentis une petite chaleur qui se diffusait en moi. Cette chienne avait le don de me faire oublier tous mes soucis. Elle illuminait ma journée, ma vie. Je déposais un petit baiser sur sa tête. J'étais dans un autre monde, dans notre bulle à toutes les deux. Je regardais alors Raphaël. J'avais envie qu'il nous rejoigne, qu'il fasse partie de cette bulle. Mais est-ce que lui le voulait ? J'avais l'impression que oui, mais que quelque chose le freinait.

Je me mis en route vers le parc. Il faisait beau, il fallait en profiter. Thémis se blottit un peu contre moi lorsque les voitures passèrent. Je lui parlais, toujours d'une voix douce, pour la rassurer. Elle ressortit un peu sa tête, regarda Raphaël et couina un peu pour attirer son attention. Je souris. Elle s'était attachée à nous deux. Nous étions ceux qui l'avions sauvée. Nous étions des protecteurs pour elle. Mais je m'étais jurée de la protéger et de ne plus jamais laisser personne lui faire du mal. J'aurai peut-être même du mal à laisser les personnes ou les autres chiens l'approcher. Mais si elle ressentait ma peur, elle aurait peur. Je devais l'aider à surmonter cela en étant forte pour nous deux.

Alors que nous marchions machinalement dans le parc, regardant par ci par là le paysage, admirant la beauté de la nature qui nous entourait, je m'arrêtais. Inconsciemment, j'avais reconnu l'endroit. Mon regard était fixé sur un banc. Le banc. Celui où j'avais retrouvé Thémis blessée. Mon cœur se mit à battre plus vite. Je n'arrivais plus à bouger. Ni à avancer, ni à reculer, ni même à décrocher mon regard du banc. Mais il allait bien falloir que je surmonte cette étape aussi. Il n'y avait aucun danger aux alentours. Et la présence de Raphaël me rassurait. Pourtant, je n'arrivais pas à me calmer. J'en tremblais presque et Thémis ne semblait pas à l'aise non plus.

Elle était vraiment faite pour passer du temps avec les animaux. Rien qu'à sa façon d'en parler, ça se sentait qu'elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour traiter Thémis de la meilleure manière possible, prendre soin d'elle et lui offrir la meilleure vie qui soit pour un animal. C'était totalement son monde, sa façon d'être, elle serait parfaite en tant que vétérinaire. Peut-être qu'elle était vraiment une immortelle liée aux animaux... il fallait vraiment qu'il se penche sur le sujet en rentrant, ne serait-ce que pour s'assurer que les Scientifiques ne la prendraient pas pour cible.

Ils marchaient côte à côte au rythme des respirations régulières de la petite chienne. C'était agréable, de la voir guérie. la souffrance des autres lui faisait toujours mal au coeur, même quand il ne s'agissait pas d'autres immortels ou d'humains, et il aimait la voir en forme comme ça. Quand elle couina pour attirer son attention, il sourit et vint la gratouiller entre les oreilles. Elle s'était trouvé un foyer où elle serait très heureuse, à n'en pas douter. Elle avait eu beaucoup de chance que ce soit Artémis qui la trouve lorsqu'elle s'était cachée près de ce banc.

Parlant de banc, leurs pas les portèrent malgré eux dans cette direction et Artémis se retrouva soudain figée, comme si quelque chose l'empêchait d'avancer. Raphaël fronça les sourcils. Est-ce qu'il y avait quelque chose dans l'air ? Il ne ressentait rien de spécial, mais si ça n'affectait que les humains et les animaux... Après tout, Thémis aussi semblait mal à l'aise. Peut-être qu'Artémis était vraiment une immortelle, une sorte d'esprit animal, et elle ressentait le même malaise que sa protégée en approchant de la zone. S'il y avait une aura menaçante ou si les Scientifiques avaient mis en place un piège à immortels, c'était aussi possible que ce soit l'inverse et qu'il ne sente rien justement parce que c'était lui qui était pris pour cible.

- Eh, ça va ? Qu'est-ce qui t'arrive ?

Il posa doucement sa main sur son bras pour attirer son attention et la garder. Quelle que soit la raison qui la mettait dans cet état, ça ne lui ferait de toute façon pas de mal d'être apaisée et ramenée à la réalité par un petit contact pour l'ancrer au monde. C'était une bonne technique contre le stress chez les humains, normalement.

Depuis toujours, je faisais de mon mieux pour aider les animaux de toute sorte. J'avais cette impression que j'étais liée à chacun d'eux. Que c'était de mon devoir de les aider à aller mieux, de prendre soin d'eux. C'était étrange mais je me sentais proche des animaux, limite plus que des humains. Alors mon choix de devenir vétérinaire était une évidence. Je pourrais les aider avec encore plus de moyens.

Thémis semblait apaisée depuis que nous étions sortis du vétérinaire. Elle semblait vraiment sereine. Bien sûr, elle n'était pas guérie, il lui faudra quelques temps pour que sa patte se remette parfaitement et qu'elle puisse à nouveau marcher seule. Mais c'était en bonne voie de guérison. Et puis, ne dit on pas que lorsque le moral va, tout va ? Elle s'avança même à interpeller Raphaël pour réclamer des câlins. Je ris doucement, elle s'imposait la petite. Raphaël joua le jeu et vint lui faire des petites caresses sur la tête.

Mon expression changea bien vite lorsque nous arrivâmes à proximité du banc où j'avais trouvé Thémis. Je ne bougeais plus et, inconsciemment, je serrais Thémis contre moi. Elle aussi avait reconnu le lieu et n'était pas non plus très à l'aise. Je pense que le banc ne se trouvait pas très loin de l'endroit où elle avait été blessée. Ca restait un traumatisme. Mais c'était quelque chose qu'elle devait surmonter, et je devais l'y aider. Pour qu'elle n'ait plus peur de venir ici plus tard. Si nous tardions trop, ça restera gravé dans sa mémoire et ce sera trop tard. Mais sur le moment, je n'y arrivais pas, j'avais comme un blocage. Comme si je ressentais les craintes de Thémis.

Je sursautais au contact de Raphaël. Sa main posée sur mon bras me ramena à la réalité. Il laissa sa main, comme s'il avait peur que je reparte dans mon état de transe étrange.

"Euh, je..."

Je déglutis. Instinctivement, je m'étais arrêtée. Mais comment l'expliquer sans que ça paraisse idiot ?

"C'est sous ce banc que Thémis était cachée. Donc c'est ici qu'elle a été blessée. C'est étrange mais cet endroit me rend nerveuse et elle aussi. C'est associé à un traumatisme pour elle. Mais il faut combattre ça, sinon ça restera à jamais. Mais je n'y arriverai pas toute seule..."

Thémis se blottit un peu plus contre moi. D'une main, je la tins en dessous, de l'autre, je la caressais pour l'apaiser. Elle sortit légèrement sa tête pour me regarder.

"On va y arriver. Je te le promets, ça va aller."

Elle avait sursauté à son contact, comme si elle était vraiment partie ailleurs quelques secondes. Serait-il possible que quelqu'un ait essayé d'accéder à son esprit ? Après tout, il ne connaissait pas tous les êtres surhumains qui peuplaient la planète, ni les capacité de ceux dont il connaissait l'existence. Les Arnaqueurs étaient foncièrement mauvais, peut-être disposaient-ils de la capacités de s'infiltrer dans les pensées. Et même sans les prendre en compte, il y avait tant d'autres manières de dissocier quelqu'un de son corps, même pas longtemps. Heureusement, le contact avec Raphaël la ramena à la réalité et elle sembla reprendre pied. Plus ou moins.

Son explication le fit froncer les sourcils. Que Thémis ait peur en se rapprochant du lieu d'une expérience traumatisante, il pouvait comprendre, mais Artémis ? Pourquoi l'approche du banc la mettait-elle dans cet état, alors qu'elle n'était pas là lors de l'attaque ? Soit il y avait autre chose dans l'air, un genre d'aura ou de présence maléfique que seuls les mortels pouvaient percevoir, soit...
Soit elle se connectait aux émotions de l'animal.

Raphaël fronça les sourcils, intrigué. Artémis avait toujours eu un don avec les animaux, c'était un fait. Mais plus les heures passaient, plus il se demandait la nature exacte de ce don. Ça n'avait pas l'air... humain. Il commençait à sérieusement se poser la question. Certes, les humains pouvaient faire preuve d'empathie. Cependant, en posséder à ce point vis a vis d'un animal inconnu lui semblait étrange.

- Tu sens sa peur...?

Poser la question directement pourrait l'aider à se fixer. Si elle sentait sa peur, ça pouvait être une capacité d'aura comme certaines des siennes. Sinon c'était peut-être une télépathie spécifiques aux animaux, ou encore la capacité de les comprendre comme les humains se comprenaient entre eux. Une langue commune qu'elle seule pouvait utiliser, par exemple. Il y avait beaucoup de possibilités. Aucune d'entre elle ne lui semblait normal pour un être humain.

Voyant qu'elles étaient toutes les deux nerveuse, Raphaël décida de mettre ses analyses de côté pour le moment. Sans retirer sa main de son bras - ni se rendre compte qu'il n'en avait pas retiré sa main - il avança doucement dans la direction du banc pour l'accompagner. Elle avait raison, mieux valait s'arranger pour laisser la peur de côté tout de suite avant qu'elle s'installe trop profondément et qu'elle s'ancre dans leurs pensées jusqu'à les marquer à vie. Un pas après l'autre, il les guida pour s'assurer que ni Artémis, ni la petite bête qu'elle tenait dans ses bras ne se retrouvent tétanisées. Alors qu'ils n'étaient plus qu'à quelques mètres du banc, il caressa doucement la tête de la petite chienne, qui s'agitait un peu, et la gratifia d'un petit bisou entre les oreilles.

- Ça va aller...

Il releva les yeux vers Artémis. Si la peur de Thémis était contagieuse, elle ne devait pas être en bien meilleur état, surtout si elle pouvait percevoir cette angoisse jusque dans les moindres détails. Il releva sa main pour la poser doucement sur son épaule et déposa un bref bisou sur sa joue. Même traitement, légèrement adapté à la différence d'espèce tout de même. D'autant plus si Artémis n'était pas humaine comme il le soupçonnait, l'encourager de la même manière qu'un animal pouvait s'avérer vexant.

- Tu t'en sors très bien. Elle a déjà l'air un peu moins effrayée.

En tout cas, elle ne paraissait pas avoir envie de bondir hors des bras d'Artémis pour trouver une cachette, ni de se rouler en boule pour y disparaître. Elle avait peur à degré raisonnable. Ce qui, vu ce qu'elle avait subi ici, tenait du miracle.

- Tu veux rester un peu pour la convaincre que c'est sans danger, ou on s'éloigne ?

Elle connaissait mieux les animaux que lui, autant se fier à son avis.

Je ne m'étais pas vraiment rendue compte que j'avais buggé. Je m'étais arrêtée, inconsciemment, en repérant le banc du parc. Peut-être parce que j'avais senti Thémis s'agiter ? Ou peut-être que je m'étais arrêtée avant. Je ne savais pas. Tout ce que je savais, c'est que Raphaël avait dû me ramener à lui avec un contact. Lorsque je lui expliquais comme je pouvais la raison de ma déconnexion, Raphaël fronça les sourcils. Est-ce qu'il me croyait ? Est-ce que mon explication était bizarre ? En même temps ça se comprenait, ça voudrait dire que je ressens les émotions de Thémis. Mais je ne pouvais pas expliquer mon état. Même moi, je trouvais ça étrange. Mais en même temps, ça faisait si longtemps que j'avais des contacts avec des animaux. Et mon but final c'était quand même de devenir vétérinaire, donc de les soigner. Mais avec Thémis, c'était tout de même différent. J'avais ressenti une connexion avec elle, dès lors où je l'avais prise sur moi, sur ce banc.

"Je... Oui, je crois. En quelque sorte. Elle s'agite, elle n'est plus aussi calme qu'avant. Je le sens, c'est tout..."

Je n'arrivais pas à mettre des mots sur ce qu'il se passait. Il allait me trouver étrange. Je baissais la tête. Je n'avais pas envie que son opinion sur moi change à cause de mon lien bizarre avec Thémis. Je regardais à nouveau le banc. Il fallait qu'on y aille, on ne pouvait pas rester comme ça. Lorsqu'il s'avança, toujours sa main sur mon bras, je me laissais faire, avançant doucement en direction de ce fameux banc. Sa présence à mes côtés et sa main qui me guidait me permettait de me concentrer sur mon comportement et celui de Thémis. Une partie de moi était rassurée, l'autre combattait l'angoisse. Thémis commença à s'agiter à mesure qu'on s'approchait et Raphaël la calma avec des caresses et un bisou. Elle se sentait entourée, elle se sentait apaisée. Je pense qu'avec nous à ses cotés, elle arrivera à vaincre sa peur. La voix de mon ami était douce, apaisante.

Je sentis qu'il relevait son visage vers moi. Je ne devais pas être bien non plus, au vu de son regard. Mais je ne contrôlais pas. J'avais beau essayer de me calmer, certaines parties de moi avaient gardé une certaine angoisse. Surtout maintenant que l'on était proche du banc. J'avais des flashs qui me revenaient. Les couinements de Thémis, le sang partout sur sa patte, son air désespéré... C'est alors que je sentis une main sur mon épaule ainsi qu'un léger baiser sur ma joue. Ma bouche s'ouvrit légèrement alors que je sentais le rouge qui me montait aux joues. Je venais vraiment de recevoir un bisou de Raphaël ? Je refermais la bouche, me mordant la lèvre.

"Euh... Oui, oui, c'est vrai. Mais c'est grâce à toi. Tu es tellement... zen."

Je regardais alors Thémis qui, effectivement, semblait moins effrayée. Elle n'était pas non plus sereine, regardant un peu partout. Mais elle n'allait pas partir en courant loin d'ici. Elle nous faisait confiance. Et on devait aller au bout de cette expérience.

"Non, il faut qu'on aille jusqu'au bout. Il faut que l'on s'assoit sur le banc et qu'on y reste un petit peu."

Je me détachais légèrement de Raphaël pour m'avancer en direction du banc. J'étais un peu plus déterminée mais toujours angoissée quant à la réaction de Thémis. Elle bougeait, je le sentais. Mais ma main la caressait doucement.

"On y est presque, c'est la dernière étape."

Je m'arrêtais devant le banc, le fixant un instant. Allez, il fallait que je me lance. Je fermais les yeux et m'assis. Je soufflai doucement puis les rouvris. Thémis, sur mes genoux, me regardait. Je déposais un léger baiser sur le haut de sa tête.

"On y est arrivé. C'est fini, maintenant."

Il était de plus en plus convaincu que la perception qu'avait Artémis n'était pas entièrement humaine. Elle semblait connectée d'une manière ou d'une autre aux émotions de Thémis, tout en les trouvant encore confuses. C'était peut-être un donc embryonnaire, une capacité qu'elle commençait tout juste à développer. Il était un peu plus jeune qu'elle quand il avait découvert ses propres pouvoirs alors... ce n'était pas impossible.

En tout cas, il semblait avoir réussi à les rassurer toutes les deux. Complètement inconscient du trouble qui agitait son amie d'enfance, il l'accompagna tandis qu'elle marchait petit à petit jusqu'au banc. Elle avait pris cette décision pour que le traumatisme de la petite chienne ne s'attarde pas trop longtemps dans son esprit. Une bonne décision.

Il la suivit un peu en retrait ; c'étaient elles deux qui devaient affronter cette peur, lui n'était là que pour les soutenir si jamais l'une des deux se sentaient mal. Cependant, Artémis parvint à nouveau à calmer Thémis sans éclat ni panique, et à s'arrêter au niveau du banc. Tout se passait bien. Un petit sourire flotta sur les lèvres de Raphaël. Elle s'en sortait très bien.

Il diminua l'écart entre eux dès qu'elle fut assise pour s'installer près d'elle. Elle avait encore l'air un peu stressée, mais si c'étaient les émotions de la petite chienne qui l'avaient atteint, elles semblaient s'être apaisées. Quand Artémis eut relevé la tête, Raphaël posa une main douce sur la tête de l'animal pour la gratouiller entre les oreilles. Elle avait l'air détendue, focalisée sur la jeune fille plutôt que sur sa peur.

- Ça va mieux ?

La question s'adressait à l'une comme à l'autre. Il restait persuadé qu'Artémis pouvait, d'une manière ou d'une autre, ressentir les émotions de sa petite protégée. Donc si la chienne allait mieux, tant qu'elle canaliserait ses émotions, ça serait aussi le cas de sa nouvelle maîtresse. C'était déjà une bonne chose qu'elles aient pu toutes les deux arriver jusqu'à ce banc et s'asseoir ; ça déracinerait la peur avant qu'elle ne prenne trop le temps de s'installer.

Mes sentiments à l'égard de Thémis, et cette connexion que je ressentais avec elle, ce n'était pas descriptible. Mais en même temps, je savais que ce n'était pas un pouvoir, ou quelque chose de ce genre là. Je pense que c'était tout simplement l'amour inconditionnel que je donnais aux animaux à qui je voulais venir en aide. J'avais toujours été ainsi, je n'avais peur d'aucun animal. Pour moi, ils méritaient tous de vivre en paix et d'être sauvés. Et non d'être persécutés. Je persistais à croire que les chiens que l'on qualifiait de méchants ne l'étaient que parce qu'il leur était arrivé quelque chose qui les avait traumatisés ou les avait poussés à devenir ainsi. Un maitre violent, un abandon, une blessure volontaire ou que sais-je. Alors oui, j'avais immédiatement été happée par la douleur de Thémis. Elle avait été blessée, elle souffrait et elle était si seule. Elle avait besoin qu'on la protège.

Il m'accompagna sur les premiers pas en direction du banc mais je sentis qu'il s'écartait ensuite. Je devais le faire seule avec elle mais je savais qu'il était toujours là, non loin, au cas où. Il ne nous laisserait pas tomber, quoi qu'il arrive. Je m'arrêtais un instant devant le banc. Il fallait que je le fasse, qu'on affronte cela toutes les deux. Elle était cachée sous ce banc, je devais m'assoir dessus, et même pourquoi pas lui permettre d'être dessus sans être sur moi. Mais chaque chose en son temps. Je m'assis finalement dans un souffle et Raphaël s'assit à mes côtés. Je n'étais pas totalement remise de ces émotions mais j'étais bien plus calme. Affronter sa peur pour la vaincre à jamais. C'était exactement ce que l'on venait de faire.

"Oui, je pense que oui."

Thémis jappa un coup dans notre direction, mais vu comme sa queue remuait, je compris que ça signifiait qu'elle aussi allait bien mieux. Je ris quelques instants avant de la caresser sur le dos.

"Toi aussi apparemment. Tu as été très courageuse, je suis très fière de toi."

Elle trépignait sur mes cuisses, elle se risqua même à déposer ses pattes sur le banc, en direction de Raphaël. Je souris et la laissais faire. Elle finit par descendre sur le banc avant de grimper sur ses cuisses et de s'y installer.

"Je confirme, elle est parfaitement à l'aise à présent."

Je vins déposer ma main sur sa tête pour la caresser délicatement. Je sortis ensuite une friandise du paquet que j'avais acheté et lui tendis. Elle le méritait bien avec tout ce qu'elle venait de faire. Elle accepta la friandise avec plaisir, la prenant délicatement entre ses petits crocs.

"On continue notre balade ?"

J'avais dit ça en relevant la tête vers Raphaël. A moins qu'il ne préfère rester encore un peu ici.

Elle était vraiment à l'écoute de sa nouvelle petite protégée. À ses yeux, tous les humains étaient comme ça : des êtres qu'il fallait protéger à tout prix et garder à l'abri du mal. Même les Scientifiques n'étaient pas méchants par nature ; c'était comme les prédateurs, ils étaient conditionnés dans ce but et ils en perdaient leur innocence humaine. Les mauvaises conditions pouvaient transformer les gens, ça ne faisait pas d'eux pas définition des êtres mauvais.

Une fois qu'Artémis eut réussi à s'asseoir sur le banc avec la petite chienne sans que ni l'une ni l'autre ne semble envahie par les mauvais souvenirs, il vint s'installer à côté d'elle. Elles avaient toutes les deux l'air encore troublée, mais le plus dur étaient passé et elles semblaient. Raphaël lui adressa un petit sourire. Elle communiquait si facilement avec les animaux, il aurait fallu qu'il soit aveugle pour ne pas comprendre que ce lien était supérieur à ce qu'un humain aurait pu ressentir. Avant d'avoir eu le temps d faire un commentaire, il vit Thémis s'avancer sur le banc et choisit de rester silencieux le temps qu'elle ose s'approcher. De lui, en l'occurrence. Il rit doucement en changeant un peu de posture pour qu'elle puisse s'installe confortablement.

- On dirait bien.

Il caressa doucement la tête de l'animal, effleurant sans le vouloir et sans vraiment s'en apercevoir la main d'Artémis dans son geste, puis la regarda grignoter la friandise avec un sourire attendri. Elle avait l'air complètement remise des épisodes de la veille. Normal : avec quelqu'un comme Artémis pour s'occuper d'elle, elle n'avait aucune souci à se faire. Elle serait choyée et comprise en permanence, et il ne lui arriverait plus rien de mal ; ou alors, ce serait vite résolu. Jamais sa nouvelle maîtresse ne la laisserait souffrir.

- Oui, on peut continuer un peu.

Il jeta un oeil rapide sur le ciel mais le soleil n'était pas trop écrasant donc il pouvait se permettre de rester dehors encore un moment sans trop de risques. À la rigueur, s'il commençait à sentir que l'eau de sa douche du matin ne suffisait pas, ils pourraient s'arrêter quelque part pour boire quelque chose, et passer ses mains sous l'eau quelques temps pour recharger ses réserves. Ils pouvaient passer la journée ensemble tranquillement sans trop de problèmes.

C'était étrange d'être moi-même mal à l'aise alors que ce n'était pas moi qui avait été blessée. Mais je ne pouvais pas ignorer sa détresse. Et voir sa peur et son anxiété m'angoissait fortement. Mais elle allait mieux une fois sur le banc, donc j'allais mieux aussi. Je la regardais amoureusement alors qu'elle se dirigeait vers Raphaël. Elle prenait de l'assurance la petite. Mon ami rit en la voyant grimper sur lui pour s'installer. Il changea même de position pour qu'elle soit plus à l'aise.

Alors que je la caressais en lui donnant une friandise, il se mit également à la caresser. Au même endroit que moi. Sa main qui frôla la mienne me fit frissonner. J'avais envie de poser ma main sur la sienne. Mais je n'en fis rien. Je venais à peine de le retrouver, je ne voulais pas gâcher notre amitié à cause de mes sentiments d'adolescente qui m'envoyaient des signaux incompréhensibles dans tous les sens. Son sourire en regardant Thémis était adorable.

Je proposais de continuer la balade et il fut d'accord. Je ne pouvais pas me permettre de laisser Thémis marcher trop longtemps, elle était encore convalescente. Et la porter ne me dérangeait pas, elle n'était vraiment pas très lourde. La journée passa tranquillement, et plus légèrement d'ailleurs. Nous nous arrêtâmes à un moment à une petite fontaine pour nous permettre de boire un coup, autant nous que Thémis.

En fin d'après-midi, nous prîmes le chemin de chez moi afin de rentrer. Enfin, de chez moi, de chez nous au final puisqu'il était mon voisin. Une fois devant, je m'arrêtais un instant.

"Encore merci pour ces deux jours. Je suis contente de t'avoir retrouvé et j'espère qu'on continuera à se voir."

Je le regardais en souriant. Je déposais un léger baiser sur sa joue avant de me diriger vers la porte de chez moi. Je me retournais une dernière fois vers lui pour lui faire un petit geste de la main avant de rentrer chez moi.

Je présentais Thémis à mes parents et j'installais tout le nécessaire dans ma chambre. Je lui présentais ensuite son panier où elle s'installa confortablement après que je lui ai donné à manger. Je déposais un baiser sur sa petite tête avant d'aller me coucher. Il était temps de se reposer.